Mardi 13 juin, il sonnait 4 heures du matin lorsqu’un grand bruit réveilla la petite agglomération d’Okounfo, située à environ 200 km de Cotonou, la capitale économique du Bénin. Le train Cotonou-Parakou de la société Béninrail, filiale du groupe français Bolloré, venait d’entrer en collision avec un bus nigérien de transport de voyageurs.

Alertée, la population du petit village dépendant de la commune de Savé a assuré les premiers secours, accourant sur le lieu de l’accident. Les riverains ont pu retirer les blessés des carcasses de ferraille et donner les premiers soins, a fait savoir un paysan qui se dirigeait vers son champ au moment où l’accident s’est produit.

C’est par la suite que les forces de sécurité et les sapeurs-pompiers sont intervenus pour transporter les blessés vers les centres de santé de la localité et rétablir la circulation bloquée. Une mission de l’ambassade du Niger a également été dépêchée sur les lieux de l’accident et a assisté les services de santé béninois dans la prise en charge des blessés.

Selon un communiqué de presse publié mercredi matin par le ministre de l’intérieur, Sacca Lafia, le premier bilan faisait état de plusieurs morts, d’une dizaine de blessés et de dégâts matériels importants, sans plus de précisions.

Dans la journée, des sources médicales ont fait savoir que quatre personnes étaient décédées : deux Nigériens, un Béninois et un dernier dont la nationalité n’a pas encore été établie. Du côté des blessés, on en dénombre désormais une trentaine. Un bilan à cette heure toujours provisoire.

Vétusté du dispositif de sécurité

Les premiers témoignages semblent exonérer le train de Béninrail de toute responsabilité dans ce drame de la circulation. Le bus de transport de voyageurs semblait rouler en excès de vitesse et n’aurait pas pu freiner au moment du passage du train de Béninrail, d’où la collision. Les riverains ont assuré que le train roulait normalement et ont déploré l’excès de vitesse dont font habituellement preuve les bus nigériens sur cet axe de circulation majeur menant vers les pays de l’hinterland.

Selon Aubin Adoukonou, un responsable du Centre national de sécurité routière (CNSR), il n’y a pas l’ombre d’un doute, « la responsabilité du chauffeur [de bus] est en jeu ».

Pour d’autres observateurs, la vétusté du dispositif de sécurité du passage à niveau a également favorisé la survenance de l’accident. Quid de l’éclairage des deux véhicules en pleine nuit, de la signalisation et de l’état de la route ou du barrage lui-même ? Autant de questions pour l’instant sans réponses. Le ministre de l’intérieur a annoncé, vendredi, l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités dans cette catastrophe.

Emotion

Cet accident, le premier du genre dans la région, a ému les populations et différentes personnalités politiques. Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’Etat chargé du plan et du développement et numéro deux du gouvernement, a adressé un message aux victimes et aux familles de celles-ci, dans lequel il a présenté ses condoléances et celles de « tout le peuple béninois ». Il a par la suite salué « l’engagement » des forces de sécurité béninoises, qui, « promptement, se sont déportées sur les lieux pour porter assistance aux victimes ».

De son côté, Marcel de Souza, ancien ministre béninois du plan et actuellement président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), a adressé un message dans lequel il a exprimé sa consternation et présenté ses condoléances « les plus attristées » et sa « grande compassion ainsi que celle de la Communauté ouest-africaine au président de la République, au gouvernement et au peuple béninois ». Il a, pour finir, souhaité un prompt rétablissement aux blessés.

Cet accident survient huit mois après celui de Camrail, la filiale de Bolloré au Cameroun, à Eseka et vient entacher les activités du groupe français dans ces pays où il est fortement décrié. L’accident au Cameroun a officiellement fait 79 morts et 550 blessés. Pour le moment, la filiale de Bolloré n’a publié aucun communiqué.