En 2015, c’était Le Tigre bleu de l’Euphrate de Laurent Gaudé qui les avait perturbés durant les épreuves anticipées du bac de français. En 2016, ils demandaient une révision du barème de l’épreuve d’anglais, faute d’avoir réussi à situer Manhattan… Depuis quelques années, chaque session du bac donne lieu à son lot de pétitions en ligne de lycéens en colère. 2017 ne déroge pas à la règle. Après des pétitions dénonçant les épreuves de physique-chimie et de sciences dans les centres d’examen d’Europe et d’Afrique, c’est maintenant les sujets d’histoire-géographie qui sont ciblés.

Vendredi 16 juin, soit le jour même de l’épreuve d’histoire-géographie du baccalauréat 2017, a été lancée sur la plate-forme Avaaz.org une pétition « ordonnant » au ministère de l’éducation nationale de donner des « explications », des « excuses » ainsi qu’un « ordre de clémence » sur la notation de l’épreuve. Une pétition qui a déjà réuni plus de 8 000 signatures, auxquelles il faut ajouter quelque 2 500 autres recueillies par le même texte sur la plate-forme Change.org.

Majeure histoire ou majeure géographie

En cause, l’alternance entre exercices majeur et mineur d’histoire ou de géographie selon les années. Une alternance que les deux auteurs de la pétition (« Redouan & Dimitri ») pensaient automatique. Pour appuyer leur raisonnement, les lycéens citent le post de blog d’un enseignant d’histoire : publié en mai, il fait état d’une alternance « de fait » des deux matières depuis 2013. Mais, « alors que depuis la refonte des programmes en 2013 l’épreuve d’histoire‐géographie alternait ses thèmes chaque année, la session 2017 voit son thème identique à la session 2016 : majeure d’histoire ! », s’offusquent les lycéens pétitionnaires.

Résultat : « souhaitant ainsi passer sur une épreuve majeure de géographie, et certainement pas d’histoire », ces lycéens ont « planifié » leurs révisions en conséquence et risquent de faire « face à de graves inégalités de réussite par rapport à leurs camarades des années précédentes ».

Probabilités « hasardeuses »

« Absolument aucun texte officiel ne prévoit une quelconque alternance entre la géographie et l’histoire », commente Jean-Pierre Costille, professeur d’histoire-géographie dans l’académie de Besançon. C’est la raison pour laquelle il répète à longueur d’année à ses élèves « qu’il est “complètement hasardeux de faire des statistiques en fonction de ce qui est tombé l’année précédente, ou en fonction des sujets sur lesquels les candidats ont planché dans d’autres centres d’examen ».

En 2016, un internaute avait lancé une pétition anti-pétitions intitulée « pour que les terminales arrêtent de se plaindre du bac ». Celle-ci n’avait recueilli que 2 296 soutiens. L’initiative n’a pour l’instant pas été relancée cette année, mais sur les réseaux sociaux, la pétition contre les sujets d’histoire-géo s’est attirée des commentaires du même ordre :