Les élus LRM en bonne place pour occuper les postes clés à l’Assemblée
Les élus LRM en bonne place pour occuper les postes clés à l’Assemblée
Par Manon Rescan, Alexandre Lemarié
Le chef de l’Etat entend confier à des personnalités de son camp les fonctions stratégiques.
Le fauteuil du président de l’Assemblée nationale. Il dirige les débats en séance publique et pilote l’organisation du travail parlementaire. | ERIC FEFERBERG / AFP
C’est une bataille souterraine, qui se joue en coulisses, pour dessiner le nouveau visage de l’Assemblée nationale. Avant l’ouverture de la XVe législature, mardi 27 juin, l’attribution des postes clés occupe tous les esprits au sein du Palais-Bourbon. La grande majorité reviendra à des membres de La République en marche (LRM), dont des novices, qui pourraient occuper une fonction stratégique.
« Le credo de Macron, c’est : de nouveaux usages et de nouveaux visages. Même à l’Assemblée », résume un membre du gouvernement. Si tous les arbitrages ne sont pas encore connus, une certitude : c’est le chef de l’État lui-même qui décide des personnalités de son camp amenées à jouer un rôle stratégique. Avec le souci de respecter les équilibres dont il veut faire sa marque de fabrique : parité, présence de la société civile et panachage gauche-droite.
Présidence de l’Assemblée
Quatrième personnage de l’État, le président de l’Assemblée dirige les débats en séance publique et pilote l’organisation du travail parlementaire. Plusieurs noms circulent pour occuper ce poste aussi essentiel que prestigieux, dont ceux des députés du parti Les Républicains (LR), Thierry Solère et Laure de La Raudière. Mais leurs chances d’accéder au « perchoir » sont désormais proches de zéro.
« Il faut quelqu’un de la majorité car cette personne sera élue pour la durée de la législature », tranche un proche de M. Macron. Une affirmation confirmée par plusieurs piliers du groupe LRM, qui jugent nécessaire de placer un soutien de la première heure du chef de l’État. Plutôt issu de la gauche après la nomination d’un premier ministre de droite. Et dans l’idéal une femme. Ce serait « un symbole fort », a jugé le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, mardi soir sur Cnews, évoquant aussi la quête d’une personnalité « avec une expérience politique » sans être « forcément un vieux routard ».
Deux élues LRM correspondent au portrait-robot et sont régulièrement citées : l’ex-socialiste, Brigitte Bourguignon, réélue dans le Pas-de-Calais, ainsi que l’ex-députée écologiste, Barbara Pompili, réélue dans la Somme. Mais la candidature de son compère, François de Rugy, avec qui cette dernière a coprésidé le groupe Europe Ecologie-Les Verts (EELV) lors de la précédente législature, semble tenir la corde. « C’est un bon candidat », juge un homme fort du gouvernement. L’ex-candidat à la primaire à gauche ne cache pas son ambition : il a déjà fait acte de candidature, affirmant mardi être candidat à la présidence de l’Assemblée pour « réformer » cette institution. Notamment en mettant en œuvre la réduction du nombre de parlementaires et l’introduction d’une dose de proportionnelle.
Le futur président du Palais-Bourbon sera élu, à bulletins secrets, lors de la première séance dans l’Hémicycle, mardi 27 juin, à partir de 15 heures.
Le bureau et les six vice-présidents
Autre instance clé : le bureau de l’Assemblée, composé de 22 personnes (dont le président) qui doit représenter les différentes sensibilités politiques de l’Hémicycle. Les postes des six vice-présidents (quatre pour la majorité, deux pour l’opposition) y sont particulièrement importants. Ces derniers sont notamment amenés à présider des séances lorsque le titulaire du « perchoir » ne peut le faire. Une véritable fenêtre d’exposition médiatique. Le bureau est en outre chargé de la représentation de l’institution dans les manifestations extérieures, mais aussi de l’interprétation et de l’application du règlement.
Des fonctions pour lesquelles une bonne connaissance des rouages de l’Assemblée est nécessaire, favorisant des parlementaires sortants. Le nom de l’ex-socialiste, député de la Manche, Stéphane Travert, circule pour occuper l’un de ces postes à responsabilité.
Trois questeurs (deux de la majorité, un de l’opposition), sont, en outre, chargés de la gestion administrative et financière de l’institution : budget, gestion du personnel ou encore conservation du bâtiment.
Les présidents de groupe
Le casting va se dessiner dans le courant de la semaine pour les détenteurs de ces postes disposant de nombreuses prérogatives, dont celle de répartir les rôles au sein de leurs troupes. Ils siègent également à la conférence des présidents – avec les chefs de file des commissions et le président de l’Assemblée – qui discute de l’ordre du jour des séances ou encore de l’organisation de la discussion générale des textes.
Le groupe LR se prononce mercredi matin pour déterminer qui de Christian Jacob, qui exerçait ces fonctions sous la législature précédente, ou de Damien Abad les représentera. Du côté des « constructifs », ces députés LR « Macron-compatibles », Thierry Solère paraît le mieux placé. Olivier Faure est, lui, candidat à sa propre succession au groupe PS qui vote jeudi, tandis que Jean-Luc Mélenchon entend diriger le groupe La France insoumise. Enfin, les députés La République en marche devraient, sauf surprise, confirmer l’élection de Richard Ferrand à leur tête au cours de leur « séminaire de cohésion » ce week-end. Si elle quitte le gouvernement mercredi, Marielle de Sarnez pourrait, pour sa part, prendre la tête des députés MoDem.
Les présidences de commission
C’est là que la bataille est la plus ouverte. Qui dirigera les travaux législatifs dans chacune des huit commissions permanentes ? Pour celle des finances, qui revient de droit à l’opposition, le député LR des Côtes-d’Armor, Marc Le Fur, est cité pour prendre la relève de Gilles Carrez.
Les autres postes reviennent à la majorité et l’exécutif entend là aussi faire montre de renouvellement. L’homme d’affaires Bruno Bonnell, député LRM du Rhône, où il a battu Najat Vallaud-Belkacem, aurait ainsi pu prendre la tête de la commission des affaires économiques. Mais des soupçons d’optimisation fiscale l’ont mis hors course. Parmi les noms fréquemment cités, les députés sortants Olivier Véran et Jean-Jacques Bridey tiennent, eux, la corde pour les affaires sociales et la défense.