A Grasse, le « palais florentin » construit illégalement condamné à être détruit
A Grasse, le « palais florentin » construit illégalement condamné à être détruit
Le Monde.fr avec AFP
La bâtisse, d’une surface totale de 3 000 m2, est composée de onze luxueuses suites, une galerie à colonnades, un pigeonnier, une orangerie, un temple, construits dans un espace boisé classé.
C’est la fin du « palais florentin » de Grasse. Le tribunal correctionnel de la ville a condamné, jeudi 29 juin, son propriétaire, Patrick Diter, à démolir l’ensemble de la très vaste demeure de style Renaissance qui fait polémique, car bâtie sur une zone naturelle en principe inconstructible.
Les juges ont suivi les réquisitions du parquet, qui avait considéré que le permis initial obtenu en 2006 par M. Diter l’avait été frauduleusement, entachant ainsi l’ensemble des constructions entreprises depuis cette date. Absent lors de ce délibéré, M. Diter, âgé de 60 ans, a également été condamné à trois mois d’emprisonnement avec sursis et à une amende de 100 000 euros, une somme toutefois bien inférieure aux réquisitions du parquet, dont le total des amendes demandées lors de l’audience qui s’était tenue en avril dépassait les 200 millions d’euros.
Une route de 600 m2
M. Diter, dont l’avocat, Me Alain Luciani, a précisé qu’il allait faire appel de cette décision, est condamné également à remettre en l’état la propriété telle qu’elle était avant 2006, soit une modeste bastide de 200 m2. Le « palais » actuel, construit à partir d’une bâtisse de 200 m2, couvre aujourd’hui une surface totale de 3 000 m2, composée de onze luxueuses suites, une galerie à colonnades, un pigeonnier, une orangerie, un temple, le tout entouré d’oliviers, de cyprès, de vignes, desservi par une route de 600 m2 tracée, tout aussi illégalement, dans un espace boisé classé.
« C’est mon œuvre, c’est ma folie, moi qui n’ai pas eu de famille, je voulais créer un berceau familial et, comme je suis tombé amoureux d’une Italienne et de l’Italie, j’ai voulu faire un palais florentin », a justifié M. Diter, reconnaissant qu’il avait entamé ces travaux sans demander aucun permis. Ce n’est que plus tard, les 18 octobre et 21 novembre 2005, que, alertés par les voisins, les autorités municipales feront dresser les premiers des sept procès-verbaux d’infraction au code de l’urbanisme.
L’une des filles de M. Diter, Joy, en sa qualité de gérante de l’une des sociétés exploitantes du château Diter, a été condamnée à 10 000 euros d’amende. Les deux sociétés exploitantes du « château Diter », une SCI et une SCEA, ont été condamnées à une amende de 500 000 euros chacune. L’architecte du « palais Renaissance » a, quant à lui, été condamné à 10 000 euros d’amende.
Pour les parties civiles, des voisins du château Diter qui se plaignent depuis des années de ces constructions illégales et des nuisances occasionnées par la location du château lors de mariages ou d’événements, Me Valérie Serra déclarait après le jugement que « la question n’était pas de savoir si ce palais était beau ou pas, comme M. Diter l’avait soutenu pendant l’audience, mais simplement de savoir si c’était légal ou non ».