Les femmes, grandes absentes des postes importants de l’Assemblée nationale
Les femmes, grandes absentes des postes importants de l’Assemblée nationale
Par Audrey Travère, Anne-Aël Durand
Il n’y a jamais eu autant de femmes à l’Assemblée nationale et pourtant, elles ne détiennent pas les postes les plus prestigieux de l’institution.
Si elles n’ont jamais été aussi nombreuses à l’Assemblée nationale, les 224 femmes élues les 11 et 18 juin sont en revanche toujours absentes des postes les plus prestigieux de l’Hémicycle. Et rien ne semble pouvoir inverser cette tendance qui persiste depuis… 1958.
Aucune femme présidente de l’Assemblée nationale
Le président de l’Assemblée nationale est le quatrième personnage de l’Etat, derrière le président de la République, le premier ministre et le président de Sénat. De ce fait, il jouit d’un certain nombre de prérogatives : il doit être consulté par le président de la République en cas de dissolution de l’Assemblée ou lors de la mise en œuvre des pouvoirs spéciaux ; il nomme trois membres du Conseil constitutionnel et peut saisir ce même conseil pour demander un avis sur une loi, tout comme le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’Autorité des marchés financiers (AMF) et bien d’autres organes.
Lors des questions au gouvernement, diffusées le mercredi, c’est lui qui orchestre les débats, souvent agités. Alors qu’on annonçait l’élection d’une femme au perchoir depuis plusieurs semaines, c’est finalement François de Rugy qui a été désigné à ce poste envié par beaucoup, avec 353 voix. Une tendance qui ne date pas d’hier : depuis 1958, aucune femme n’a été élue présidente de l’Assemblée nationale.
Et dans les groupes parlementaires ?
Un autre rôle décisif dans le bon fonctionnement de l’institution : celui de président de groupe parlementaire. Les députés désignés à huis clos par leur groupe s’entretiennent avant chaque séance avec le président de l’Assemblée pour établir l’ordre du jour. Ils peuvent également demander, entre autres, la suspension d’une séance pour réunir leur groupe, la création d’une commission spéciale ou encore un allongement exceptionnel de la durée d’examen d’un texte.
Pour cette 15e législature, huit présidents ont été désignés dans la semaine écoulée : Richard Ferrand pour La République en Marche, Christian Jacob et André Chassaigne, respectivement reconduit à la tête des groupes Les Républicains et celui de la Gauche démocrate et républicaine, Marc Fesneau pour le groupe MoDem, Jean-Luc Mélenchon pour La France insoumise et deux coprésidents, Franck Riester et Stéphane Demilly, pour le groupe des Constructifs.
Huit postes, huit hommes. Comme pour le président de l’Assemblée, aucun écart n’a été constaté depuis 1958. Selon nos calculs, aucune femme ne s’est vue désigner présidente d’un groupe parlementaire sous la Ve République.
La parité encore loin dans les hautes instances locales
Le décalage entre une Assemblée nationale plus féminine que jamais et l’élection d’un homme à sa tête est loin de constituer une surprise. C’est même plutôt la norme lorsque l’on examine l’ensemble des instances électives en France. En effet, les différentes réformes électorales ont très nettement augmenté la proportion de femmes dans les élections locales, et l’élection d’un binôme a même permis d’atteindre une parité parfaite lors des départementales de 2015. Pourtant, lorsqu’il s’agit de procéder à des élections internes pour désigner les postes les plus prestigieux, les vieux réflexes persistent : ainsi, il n’y a que 16 % de femmes maires, pour 40 % de conseillères municipales, et la même proportion pour les présidents de conseils régionaux.
La situation est encore plus caricaturale dans les départements : avec 50 % de femmes élues, on ne compte que 10 % de présidentes. Pour les fonctions de second ordre, comme les vice-présidences de région ou les postes d’adjoint(e), la parité est davantage respectée : 48,4 % de femmes en régions et départements, 37,8 % d’adjointes.