Résultats du baccalauréat au lycée Georges Brassens à Paris | MARTIN BUREAU / AFP

Les résultats du bac 2017, attendus mercredi 5 juillet, sont susceptibles d’évoluer dans la toute dernière ligne droite : la décision de décerner une mention, d’admettre un candidat dès le premier tour, de lui permettre de passer les oraux de rattrapage ou de le recaler n’est en effet fixée que lors des jurys du baccalauréat, qui se réunissent dans les jours précédant l’annonce officielle des résultats, à la date fixée par leur académie. Des centaines d’enseignants sont alors mobilisées à travers le pays : après avoir été professeurs durant l’année, examinateurs ou correcteurs pendant et après les épreuves, ils peuvent ainsi être chargés de trancher le sort des candidats. Comment se passent leurs délibérations, et sur quels éléments fondent-ils leur décision ?

500 candidats en quelques heures

Le jury constitué dans chaque centre d’examen est composé de quinze à quarante professeurs et présidé par un universitaire. Mathématiques, histoire, philosophie, éducation physique… Chaque discipline qui fait l’objet d’une épreuve à l’examen est représentée dans cet aréopage. Si le jury est « souverain », donc seul maître de ses décisions, rien n’empêche le rectorat de l’inciter à la générosité, notamment si les résultats du centre d’examen sont moins élevés que ceux de ses voisins. Réunis dans une salle, les jurés se livrent, pendant une journée, à un grand numéro d’abattage. « En quelques heures, nous pouvons examiner le cas de cinq cents candidats », témoigne anonymement Frédéric, correcteur et soumis à un devoir de réserve.

Pour leur faciliter la tâche, dans les jours qui ont précédé cette ultime réunion, l’ensemble des notes livrées par les correcteurs ont été scrupuleusement examinées par une commission « d’harmonisation ». L’exercice vise à s’assurer que les moyennes des notes attribuées par chaque correcteur sont proches. « Si on découvre qu’un paquet de copies affiche une moyenne en décalage de deux à trois points, on demandera au correcteur de modifier son évaluation, dans un souci d’équité envers les candidats, et pour qu’ils ne soient pas affectés par une notation plus sévère », explique Vincent Goudet, directeur de la Maison des examens de l’Ile-de-France. La modification peut toutefois être réalisée non seulement à la hausse mais aussi « à la baisse. »

La note ainsi « harmonisée » n’est pas pour autant définitive. Le dernier mot revient en effet au jury, qui ne peut de son côté qu’ajouter des points à une copie.

Sécurité sur la route du baccalauréat

Les dossiers des candidats sont examinés un à un, mais la majorité est expédiée en « une minute », selon un habitué. Ce que cherchent à détecter les professeurs, ce sont les coureurs de fond du baccalauréat qui se sont écroulés à quelques mètres de la ligne d’arrivée, quelle qu’elle soit. « Nous examinons le profil des candidats dont l’évaluation les classe à la limite d’un seuil » rend compte, en termes académiques, Vincent Goudet. En clair, les candidats qui échouent à quelques dixièmes de point peuvent être charitablement repêchés. Une moyenne générale de 9,70 sur 20 peut se métamorphoser en un 10 pile et salvateur. Une mention ratée de quelques points peut être changée en réussite, et un ratage complet à 7,8 sur 20 peut donner lieu à une nouvelle chance au rattrapage.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web

Qui sont ces bienheureux qui peuvent espérer un geste de mansuétude ? « Ceux qui ont un dossier scolaire élogieux », répond un correcteur. « Si une épreuve a été manquée par accident, alors que la moyenne annuelle était satisfaisante, le jury peut décider de faire un geste », confirme Vincent Goudet. « Inversement, si un candidat est tout proche de la mention mais qu’il a un livret scolaire exécrable, on ne changera rien. Le jury du bac injecte une petite dose de contrôle continu dans l’examen », souligne un habitué de l’exercice. Les « repêchés » le savent-ils ? « Ils peuvent juste le soupçonner, si leur moyenne est exactement de 8, 10, 12, 14 ou 16 », dit cet enseignant. La décision n’a en tout cas rien d’exceptionnel : près de 10 % des candidats en bénéficieraient, estiment deux correcteurs, soit plusieurs dizaines de milliers de bacheliers. Une glissière de sécurité en somme, pour éviter les accidents sur la route du baccalauréat.

Cet article est une version actualisée d’un article paru en juillet 2015.