L’année 2017 pourrait être la plus meurtrière pour les migrants en Méditerranée
L’année 2017 pourrait être la plus meurtrière pour les migrants en Méditerranée
Le Monde.fr avec Reuters
Un rapport d’Amnesty International critique l’action des pays de l’UE, dont les ministres de l’intérieur se réunissent jeudi pour répondre à l’appel à l’aide lancé par l’Italie.
Des migrants sont secourus par un navire de la Guardia civil espagnole, à Salerno (Italie), le 29 juin. | CARLO HERMANN / AFP
2017 pourrait être l’année la plus meurtrière en Méditerranée pour les migrants qui tentent de rejoindre les côtes italiennes au départ de la Libye, met en garde Amnesty International dans un rapport publié jeudi 6 juillet.
Le document, se basant sur les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), recense ainsi 2 072 décès d’exilés sur les plus de 75 000 personnes qui ont tenté la traversée pendant les six premiers mois de l’année. Amnesty calcule un taux de décès de 2,7 %, soit trois fois plus qu’en 2015, pour un nombre de migrants similaire.
Le rapport critique l’action des pays de l’Union européenne (UE), dont les ministres de l’intérieur se réunissent ce jeudi pour répondre à l’appel à l’aide lancé par l’Italie, submergée par les arrivées. Amnesty International les accuse, en outre, d’être en partie à l’origine de l’explosion du nombre de morts depuis 2015 :
« Les Etats européens tournent progressivement le dos à une stratégie de recherche et de secours qui réduisait la mortalité en mer. »
Le cas libyen
L’organisation fustige, notamment, la politique d’aide à la Libye pour traquer les réseaux de passeurs et contenir les migrants sur les côtes de l’Etat africain. Elle regrette que cette coopération « n’englobe pas de mécanisme ni de système adéquat d’obligation de rendre des comptes afin de surveiller » les gardes-côtes libyens, qu’Amnesty accuse d’exactions.
« Les interceptions par [ces derniers] mettent bien souvent en péril les réfugiés », expliquent les auteurs du rapport, qui précisent que leurs techniques d’intervention « ne respectent pas les protocoles élémentaires de sécurité et peuvent engendrer des mouvements de panique et des chavirements catastrophiques ».
« En outre, des allégations sérieuses accusent certains gardes-côtes d’être de connivence avec les passeurs et des éléments prouvent qu’ils maltraitent les migrants », poursuit Amnesty. Certains « ont tiré des coups de feu en direction des bateaux et un rapport des Nations unies signalait en juin qu’ils étaient directement impliqués par l’usage d’armes à feu dans le naufrage » de certaines embarcations.
Selon le rapport, les exilés secourus par ces derniers sont « renvoyés en Libye, où ils sont régulièrement placés en détention et torturés, et où il n’existe ni droit d’asile ni système d’asile ».