Les jeunes socialistes en plein dilemme
Les jeunes socialistes en plein dilemme
Par Tom Rossi
Après le lancement du mouvement de Benoît Hamon le 1er juillet, la jeune garde du Parti socialiste s’interroge sur son avenir.
Partir ou pas, la question se posait déjà après la débâcle électorale. Mais, depuis que Benoît Hamon a lancé le Mouvement du 1er juillet, elle devient de plus en plus insistante. Si, pour ses jeunes soutiens, cette annonce n’était plus un secret, celle de son départ du PS l’était davantage. Une décision qui laisse planer un doute sur l’avenir du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), une structure autonome que l’ancien candidat à la présidentielle a lui-même fondé en 1993. Aujourd’hui, il garde encore l’empreinte idéologique de son créateur, se positionnant ainsi à la gauche du parti.
Réuni samedi 8 juillet pour un conseil national qui a eu lieu en même temps que celui du PS, le MJS n’envisage pas de défections massives.
« Nos 10 000 militants peuvent adhérer sans problème au Mouvement du 1er juillet sans quitter le MJS, explique Benjamin Lucas, le président. Pour l’instant, cela ne change rien pour nous car nous sommes autonomes vis-à-vis du parti et de Benoît Hamon. »
Même avis du côté de Rachid Temal, secrétaire national à la coordination et l’organisation du PS, qui se montre lui aussi prudent : « A ce stade, il n’y a pas de mouvement chez les jeunes. »
Pendant ce temps, une partie des militants se demande s’il ne vaut pas mieux partir. C’est le cas d’Ewen Huet, animateur de la fédération du Finistère, qui distingue deux tendances : « Il y a ceux qui restent en attendant de voir l’ampleur que prendra le mouvement de Benoît Hamon et ceux qui vont partir. » Lui a choisi la deuxième option pour se consacrer pleinement au M1717 (Mouvement du 1er juillet), « un nouvel espace à gauche qui aura vocation à s’unir avec les jeunes écologistes et communistes ». Et, selon lui, le MJS devrait connaître de nombreux départs dans les prochaines semaines : « Dans ma fédération, nous sommes une grande majorité à le quitter et adhérer au mouvement de Benoît Hamon. »
Anaïs Boutard, responsable MJS des Pays de la Loire, est également pessimiste, malgré la perspective d’une profonde refondation du PS : « Peu de jeunes pensent que l’avenir est ici. Les structures nationales sont un peu abandonnées. »
« Discipline de groupe »
Pourtant, lors de la campagne présidentielle, « Les jeunes avec Hamon » ont réussi à mobiliser des personnes qui n’étaient adhérentes ni au PS ni au MJS. Aujourd’hui, l’organisation s’est transformée en « Jeunes du 1er juillet » sur les réseaux sociaux, ce qui ne devrait pas profiter aux jeunes socialistes. « Je sais que je peux adhérer à la fois au MJS et au M1717, mais je préfère militer dans une plate-forme citoyenne plutôt que dans une structure pyramidale où il règne une discipline de groupe », explique Félix, militant pro-Hamon dans les Yvelines.
A la direction des jeunes socialistes, on dément toute hémorragie, préférant miser sur une transformation interne : « Nous devons évoluer pour devenir une organisation moins centralisée et moins bureaucratique. » Mais l’enjeu principal pour le mouvement, c’est surtout de « préserver (son) autonomie », prévient Benjamin Lucas, qui était par ailleurs présent lors du lancement du mouvement de Benoît Hamon.
« Comme les clés vont changer de main à la direction du PS, nous attendons de savoir qui les aura pour discuter de l’avenir de notre mouvement. De toute façon, toutes nos décisions sont prises de manière collective », rappelle Thomas Kekenbosch, secrétaire général du MJS, attaché lui aussi à l’autonomie du mouvement. Autrement dit, les jeunes socialistes ne décideront pas de leur avenir avant le prochain congrès, prévu cet hiver. Pour l’instant, il s’agit simplement de mesurer l’ampleur des départs.