Le sort des « constructifs » au menu du bureau politique des Républicains
Le sort des « constructifs » au menu du bureau politique des Républicains
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Mardi soir, Les Républicains, réunis en bureau politique, doivent statuer sur d’éventuelles sanctions à l’encontre des élus « constructifs » et des ministres membres du parti.
Franck Riester, Thierry Solère et le groupe des constructifs écoutent le premier ministre, Edouard Philippe, prononcer son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, à Paris, mardi 4 juillet 2017. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH POLITICS POUR "LE MONDE"
Réunis en bureau politique mardi 11 juillet, Les Républicains (LR) doivent discuter du sort des membres « Macron-compatibles » du parti. Ce week-end, cinq d’entre eux ont reçu un courrier les informant d’une éventuelle sanction à leur égard :
- Edouard Philippe, premier ministre
- Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics
- Sébastien Lecornu, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique
- Thierry Solère, à l’origine de la création du groupe des « constructifs »
- Franck Riester, coprésident des « constructifs »
Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, n’est pas concerné. Ayant fait campagne sous la bannière de La République en marche pour les législatives, « il n’est plus aux Républicains », a commenté son entourage, interrogé par l’Agence France-Presse.
Ce week-end, des députés « constructifs » ont dénoncé des procédures d’« exclusion » lancées contre eux et les ministres LR au gouvernement. « On me reproche quoi ? D’avoir fait un groupe parlementaire distinct des Républicains ? » a demandé M. Solère, renvoyant Laurent Wauquiez et Eric Ciotti à la courte expérience du groupe parlementaire Rassemblement-UMP dissident en 2012-2013, créé par François Fillon à la suite de l’élection contestée de Jean-François Copé à la tête de l’UMP.
« Je ne me reconnais pas dans ce vieux monde politique qui classe les élus comme des machines à voter qui votent toujours pour tout ou toujours contre tout. Je ne me sens donc ni dans la majorité ni dans l’opposition. Seulement un homme de droite qui veut en finir avec les postures partisanes et qui ne donne pas pour autant un chèque en blanc au gouvernement. »
M. Riester a, lui, dénoncé « des pratiques d’un autre âge ».
« Ça me fait penser un peu à ces régimes autoritaires à bout de souffle, ces oligarchies qui, pour garder leur pouvoir, leur pré carré, sont prêts à tout, et notamment à faire des exemples [parmi les] leaders de l’opposition, en pensant que les autres vont se terrer. »
« Pas d’exclusion à ce stade »
Selon un cadre LR, les lettres reçues ne sont pas des « courriers d’exclusion mais une procédure interne habituelle » pour « informer » les mis en cause « qu’un prochain bureau politique statuerait sur une éventuelle sanction, conformément à nos statuts et à notre règlement intérieur ». « Pas d’exclusion à ce stade, nous souhaitons avant tout qu’ils puissent s’expliquer », a poursuivi cette source.
La tension est montée d’un cran entre les deux camps de la droite parlementaire après la nomination de Thierry Solère au poste de questeur à l’Assemblée nationale, traditionnellement réservé à l’opposition. Plusieurs membres de LR avaient alors réclamé l’exclusion de ces députés pro-Macron. Bernard Accoyer, secrétaire général de LR, avait fait savoir que leur sort au sein du parti serait au menu du « prochain bureau politique », tout en laissant la porte entrouverte à un possible retour dans la famille de certains « constructifs » : « S’il y en a qui veulent revenir nous avons nos bras ouverts [mais] pas pour ceux qui étaient à la manœuvre, il faudra que nous parlions avec eux. »
Au sein de LR, plusieurs voix demandent qu’ils soient exclus, comme le trésorier LR et député du Pas-de-Calais Daniel Fasquelle. « Je suis LR pas Solère », a aussi tweeté l’ancienne ministre Nadine Morano.
les lignes des destructifs ! moi je défends la culture et l'identité de la France et je me sens profondément europé… https://t.co/RAkPaiWglT
— nadine__morano (@Nadine Morano)
« Nouvelle force politique »
Le maire LR de Nice, Christian Estrosi, a, lui, refusé d’éventuelles exclusions, comparées à des « bûchers » ou procédés « staliniens », plaidant qu’un parti se renforce « en rassemblant ». « La diversité des convictions doit être respectée au sein des Républicains en refusant les divisions qui ne profitent qu’à Macron et au FN », a aussi tweeté le sénateur Roger Karoutchi.
Pour autant, les constructifs n’écartent pas l’hypothèse de la création d’un nouveau mouvement. Le patron de l’UDI Jean-Christophe Lagarde, membre comme MM. Solère et Riester du groupe des « constructifs » à l’Assemblée, a dit ce week-end vouloir « d’ici l’automne » une « nouvelle force politique » avec eux.
M. Solère envisage aussi une autre « solution » : que le Congrès du parti, qui pourrait être tenu en décembre, permette aux adhérents de « trancher entre la ligne identitaire et la ligne constructive que nous incarnons au Parlement ».
Concernant les membres du gouvernement comme Edouard Philippe ou Gérald Darmanin, se poserait la question d’un ralliement à La République en marche.