Affaire Karachi : François Léotard, alors ministre de la défense, mis en examen
Affaire Karachi : François Léotard, alors ministre de la défense, mis en examen
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Il a été mis en examen par la Cour de justice de la République pour « complicité d’abus de biens sociaux ».
Le président de l'UDF, François Léotard, accompagne vers la tribune l'ancien premier ministre Edouard Balladur, le 24 février 1998 à Antibe. | ALAIN FULCONIS / AFP
L’ancien ministre de la défense François Léotard a été mis en examen par la Cour de justice de la République (CJR) dans l’affaire Karachi, ont appris mardi 18 juillet l’Agence France-Presse (AFP) et Reuters de source judiciaire.
Entendu le 4 juillet par la commission d’instruction de la CJR, l’ex-maire de Fréjus, 75 ans, a été mis en examen pour « complicité d’abus de biens sociaux », a précisé cette source à l’AFP, confirmant une information du Canard enchaîné. Il s’agit de la seconde mise en examen dans ce volet de l’affaire après celle de l’ancien premier ministre Edouard Balladur, le 29 mai.
L’enquête antiterroriste sur l’attentat de Karachi en 2002 (15 morts, dont 11 Français) avait mis la justice sur la piste de ce financement occulte de la campagne de 1995. Une seconde enquête avait alors été ouverte en 2011 sur ce volet financier, confiée aux juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire. En 2014, ces magistrats s’étaient dessaisis des cas d’Edouard Balladur et de son ministre de la défense de l’époque, François Léotard, au profit de la CJR, seule instance habilitée à juger des délits commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions.
Selon l’hebdomadaire, les enquêteurs se demandent si François Léotard n’a pas cherché « à se constituer un trésor de guerre en vue de la présidentielle de 2002 » dans la vente de sous-marins au Pakistan en 1994.
Six personnes toujours renvoyées en correctionnelle
En plus des deux anciens ministres, les juges d’instruction ont décidé en juin 2014 de renvoyer six protagonistes présumés en correctionnelle. Il s’agit de Renaud Donnedieu de Vabres, conseiller spécial au cabinet François Léotard, entre 1993 et 1995 ; deux proches d’Edouard Balladur, Nicolas Bazire, qui fut son directeur de cabinet, et Thierry Gaubert ; Dominique Castellan, ancien PDG de la Direction des constructions navales, l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine et un autre intermédiaire en armement.
Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre du budget, a pour sa part été entendu comme témoin au début du mois de mai par les enquêteurs.
Les magistrats ont acquis la conviction que la campagne d’Edouard Balladur, devancé par Jacques Chirac, l’autre candidat de la droite en 1995, a été financée par des rétrocommissions illégales sur des contrats de sous-marins vendus au Pakistan et de frégates destinées à l’Arabie saoudite.
Une des hypothèses envisagées est que la fin du versement des commissions, ordonnée par Jacques Chirac devenu président de la République, est à l’origine de l’attentat de Karachi qui a coûté la vie à 15 personnes, dont 11 ouvriers français de la Direction des constructions navales, en 2002.
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