En 2016, l’Australienne, Chloe Hosking (à droite) remportait sur les Champs-Elysées« La Course by le Tour ». Cette années, elle se déroulera sur un schéma bien particulier entre les Alpes et Marseille / AFP / LIONEL BONAVENTURE | LIONEL BONAVENTURE / AFP

Amateur de cyclisme, Martin Fourcade aura une impression de déjà-vu s’il regarde, samedi 22 juillet, l’épilogue de La Course by Le Tour, une épreuve féminine organisée sur deux jours par Amaury Sport Organisation (ASO), propriétaire du Tour de France. Le biathlète y reconnaîtra la formule de la poursuite, dont il est champion olympique. Après l’arrivée au sommet du col de l’Izoard, jeudi midi, les vingt meilleures seront qualifiées pour la course-poursuite organisée deux jours plus tard, sur le même parcours que le ­contre-la-montre de la Grande Boucle, à Marseille. Ce jour-là, ­elles s’élanceront dans l’ordre d’arrivée à l’Izoard, avec les mêmes écarts que ceux enregistrés sur la ligne jeudi.

Lorsque le Tour de France a présenté la version 2017 de sa course féminine, créée il y a trois ans, plusieurs acteurs du cyclisme féminin, dont la FDJ, sponsor de l’événement, ont jugé sa longueur insultante : 67 kilomètres entre Briançon et le col de l’Izoard, soit la moitié de ce que les femmes ont l’habitude de couvrir. Jusqu’à présent, la course se déroulait sur les Champs-Elysées, offrant une belle vitrine à une épreuve sans intérêt sportif. « Pour moi, c’était une avancée. C’est dommage qu’elles n’aient pas pris la mesure de ce qu’on leur a offert avec l’Izoard », déplore Thierry Gouvenou, directeur des compétitions d’ASO.

« Cobayes pour les hommes »

Cette incompréhension illustre les rapports entre le cyclisme féminin et ASO, peu porté vers un sport pas encore mature économiquement et qui juge impossible de faire renaître le Tour de France féminin disparu en 1989. « On aimerait qu’ASO investisse plus, qu’il y ait plus de jours de course, dit Stéphen Delcourt, manageur de l’équipe FDJ. Il faut qu’ils nous poussent, car ailleurs – aux Pays-Bas, en Angleterre, en Belgique –, on ne nous attend pas. » En proposant aux femmes de s’inviter sur le parcours du contre-la-montre de Marseille, ­samedi avant les hommes, Thierry Gouvenou a fait d’une pierre deux coups : apaiser la fronde et tester un format qu’il aimerait appliquer ponctuellement aux courses masculines afin de les redynamiser.

Sur les 22 kilomètres autour du Stade-Vélodrome, les coureuses pourront se regrouper et se relayer, comme à leur habitude. La première à franchir la ligne sera désignée vainqueur. « Je passe mon hiver à regarder ces courses en biathlon, je suis impatiente de voir comment ça va se dérouler, s’amuse la Française Audrey Cordon, de l’équipe Wiggle. Certes, nous sommes des cobayes pour les hommes, mais ça veut dire qu’ils vont prendre en compte nos commentaires. » Au-delà de l’incertitude sur la qualification pour la course du samedi, Stéphen Delcourt craint une compétition faussée par la présence d’une équipe dominatrice comme la Boels-Dolmans (Pays-Bas) : « Elle peutqualifier quatre coureuses et faire un contre-la-montre par équipe à Marseille. Mais c’est spectaculaire en biathlon, alors essayons ! »

« On se prend à rêver de le faire plus tard chez les hommes, pas sur le Tour où les écarts sont souvent trop importants, mais à la fin d’un Paris-Nice, dans le col d’Eze. », avoue Thierry Gouvenou. Le ­principal obstacle à cette innovation reste les règlements internationaux, qui ne prévoient pas une telle formule.