Cyclisme : après avoir tutoyé les sommets, Romain Bardet cherche à se réconcilier avec le chrono
Cyclisme : après avoir tutoyé les sommets, Romain Bardet cherche à se réconcilier avec le chrono
Par Azir Saïd Mohamed Cheik
Présent sur le podium du Tour de France pour la deuxième année consécutive, le Français doit désormais progresser en contre-la-montre, s’il veut un jour remporter l’épreuve.
Romain Bardet en plein effort lors de la 21e étape du Tour de France 2017, à Marseille. | JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS
Le 22 juillet dernier, Romain Bardet a fini, harassé par l’effort, un contre-la-montre de 22,5 kilomètres dans les rues de Marseille. Ce n’est pas son exercice de prédilection et cela s’est vu. En grande difficulté, le Français a conservé pour 85 petits centièmes sa place sur le podium. Un an après avoir pris la deuxième place de l’édition 2016.
S’il espère un jour remporter le maillot jaune, Romain Bardet doit impérativement progresser dans l’exercice du chrono. « J’ai fait le choix de ne pas me concentrer dessus, notamment, car je n’aime pas m’entraîner avec le vélo de contre-la-montre. Je trouve ça ennuyeux et j’en ai payé le prix fort. Je devrais me concentrer davantage dessus les prochaines années », concède le coureur d’AG2R La Mondiale.
Romain Bardet et son entourage ont conscience des efforts à fournir en la matière. « Il faut du temps d’entraînement pour développer ces facultés et ce n’est pas facile à trouver dans le planning très serré de Romain. Il faut qu’on mette tout son programme à plat pour planifier un moment dans la saison où le contre-la-montre serait prioritaire avant la montagne », explique Jean-Baptiste Quiclet, son entraîneur.
Une révolution qui sonnerait comme un sacrifice pour ce cycliste aux qualités naturelles de grimpeur. « J’ai besoin de prendre du plaisir au quotidien pour m’investir à 100 %. Et pour l’instant, il n’y a qu’en montagne que j’en prends », souligne Romain Bardet.
S’il est compliqué de combler du jour au lendemain cette lacune, une autre solution plus rapide pourrait être envisagée. Le directeur sportif de Romain Bardet, Julien Jurdie, suggère ainsi aux organisateurs de modifier le parcours : « C’est aux organisateurs du Tour de savoir s’ils veulent voir un Français gagner le Tour un jour, et donc de faire moins de contre-la-montre. On peut aussi trouver des chronos en bosse, courts… (Rires.) On peut même en mettre quatre, mais de cinq bornes et dont trois en montée ! »
Une influence sur une future participation au Tour ?
Mais ce tracé à la carte paraît des plus hypothétiques, surtout quand Christian Prudhomme, directeur du Tour depuis 2007, est déjà accusé de favoritisme par les étrangers : « Ce serait faire injure aux champions français et à Romain Bardet en particulier, que de faire un parcours sur mesure. Ils sont capables de gagner le Tour de France. On a déjà réduit considérablement la part de contre-la-montre, je me vois mal les supprimer complètement. »
A l’heure où les meilleurs coureurs se neutralisent en montagne, le contre-la-montre prend une importance encore plus capitale pour Romain Bardet. Au point d’en faire un motif de chantage, quant à une participation, à la Grande Boucle l’année prochaine. « Giro ou Tour de France ? L’impact du contre-la-montre dans le tracé n’est pas à négliger. Il est important pour lui de pouvoir courir les Grands Tours qui lui conviennent le mieux. Cette année, c’était une obligation politique et stratégique d’être présent. A l’avenir, il y aura une réflexion dans laquelle ses envies et le tracé auront leur importance », lance Jean-Baptiste Quiclet.
En attendant, le Français n’a pas le temps de chômer. Après un mois de juillet éprouvant, il se prépare pour sa dernière course de la saison : la Vuelta qui débute le 19 août et prend fin le 10 septembre. Sur les routes espagnoles, Romain Bardet ne pourra pas esquiver ces rendez-vous contre le chronomètre qu’il redoute tant. Le parcours 2017 prévoit un contre-la-montre par équipes de 13,8 kilomètres et surtout un contre-la-montre individuel de… 42 kilomètres.