Un dirigeant de l’opposition et un candidat du pouvoir tués au Venezuela
Un dirigeant de l’opposition et un candidat du pouvoir tués au Venezuela
Le Monde.fr avec AFP
Les Vénézuéliens étaient appelés à voter, dimanche, pour élire l’assemblée constituante voulue par le président Nicolas Maduro.
Depuis le mois d’avril des manifestations anti-gouvernementales ont fait plus d’une centaine de morts ainsi que des milliers de blessés. | CHRISTIAN VERON / REUTERS
La tension régnait dimanche 30 juillet au Venezuela où les électeurs sont appelés à voter pour une Assemblée constituante que le président Nicolas Maduro veut doter d’un « super-pouvoir », mais que l’opposition rejette.
Dimanche à l’aube, quelques heures avant le début du vote, un dirigeant de l’opposition vénézuélienne a été tué lors d’une manifestation contre le projet du président, ont annoncé les autorités.
Ricardo Campos, 30 ans, a été tué par balle à Cumana, dans l’Etat de Sucre (nord-est), selon le député de l’opposition Henry Ramos Allup, ancien président du Parlement. Les circonstances de sa mort n’ont pas été précisées par le ministère public.
Par ailleurs, au moins quatre membres des forces de l’ordre ont été blessés dimanche par un engin explosif lors d’un affrontement avec des manifestants de l’opposition à Caracas, a constaté l’Agence France-Presse (AFP). L’un d’eux avait la jambe en flammes, alors que deux motos brûlaient à terre.
Des membres des forces de l’ordre ont été blessés dimanche par un engin explosif lors d’un affrontement avec des manifestants de l’opposition à Caracas. | CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS
Un candidat chaviste à l’Assemblée constituante a également été tué dans la nuit de samedi à dimanche. « Un groupe a fait irruption » chez José Felix Pineda, un avocat de 39 ans, à Ciudad Bolivar (dans le sud-est du pays), « et lui a tiré dessus à plusieurs reprises », a annoncé le parquet, sans évoquer d’éventuels motifs. Cela porte à deux le nombre de candidats assassinés. Le 10 juillet, José Luis Rivas avait été abattu en pleine campagne électorale dans la ville de Maracay.
Protestations, blocages, violences : cette élection se déroule dans un climat de fortes tensions dans un pays au bord de l’effondrement économique. Depuis le mois d’avril des manifestations antigouvernementales ont fait plus d’une centaine de morts ainsi que des milliers de blessés.
Un scrutin boycotté par l’opposition
Le scrutin pour désigner les 545 membres de l’Assemblée constituante a débuté dimanche à 6 heures locales (midi, heure française) et le président socialiste Nicolas Maduro a été le premier à voter dans l’ouest de Caracas.
« Je suis le premier à voter dans le pays. Je demande aujourd’hui sa bénédiction à Dieu pour que le peuple puisse exercer librement son droit de vote démocratique », a déclaré le chef de l’Etat. Selon lui, « l’empereur Donald Trump a voulu empêcher le peuple d’exercer le droit de vote ».
Au petit matin, les forces de l’ordre, qui surveillent les centres électoraux, ont violemment délogé des opposants qui bloquaient des rues à El Paraiso, dans l’ouest de la capitale.
L’opposition, qui boycotte l’élection et n’a donc présenté aucun candidat, a appelé à un rassemblement massif à Caracas, ainsi qu’à dresser des barricades dans tout le pays bien que le gouvernement ait menacé de jusqu’à dix ans de prison ceux qui feraient obstacle au scrutin.
Les antichavistes détiennent la majorité au Parlement et voient dans cette Constituante un moyen pour le président Maduro de se cramponner au pouvoir, de contourner l’Assemblée nationale élue et d’éviter la présidentielle prévue fin 2018. Ils dénoncent une dérive vers un « régime à la cubaine ».
Le gouvernement assure de son côté que cette future assemblée, dont la durée du mandat n’est pas définie, sera un « super-pouvoir » qui aura la capacité de dissoudre le Parlement, qu’elle apportera la paix et permettra au pays de se redresser économiquement.
Avec ce projet, Nicolas Maduro s’est mis à dos les Etats-Unis, gros importateurs de pétrole vénézuélien (800 000 barils de brut sur le 1,9 million produit par jour), ainsi que plusieurs pays d’Amérique latine et d’Europe.
Washington a imposé des sanctions à treize fonctionnaires et militaires proches du chef de l’Etat, accusés d’attenter à la démocratie, de violations des droits humains ou de corruption.
La Colombie et le Panama ont annoncé qu’ils ne reconnaîtraient pas la Constituante, les Etats-Unis ont menacé d’autres sanctions.