Autour de Donald Trump, des départs en cascade de collaborateurs
Autour de Donald Trump, des départs en cascade de collaborateurs
Le limogeage d’Anthony Scaramucci est le onzième départ d’un proche du président américain en six mois d’exercice à la tête de l’Etat.
Et un de plus ! L’éviction, lundi 31 juillet, d’Anthony Scaramucci, tout juste nommé directeur de la communication dix jours plus tôt, vient s’ajouter à la liste – déjà longue – des départs, souvent contraints, de personnalités composant le proche entourage de Donald Trump à la Maison Blanche.
En l’espace de six mois de présidence, une telle situation relève de l’inédit. Elle tient, pour une bonne part, au fait que Donald Trump est fragilisé par une enquête sur les liens entre son équipe de campagne et la Russie, ainsi que par ses échecs au Congrès (l’abrogation de l’Obamacare n’est toujours pas passée).
Les proches du président évincés un à un
Michael Flynn, en février 2017. | Carolyn Kaster / AP
- Michael Flynn, 58 ans, conseiller à la sécurité nationale (20 janvier-13 février)
Premier de cette longue série de départ, Micheal Flynn a été conseiller à la sécurité nationale durant moins d’un mois. C’est l’« affaire russe » qui lui a coûté son poste. Après avoir nié qu’il avait eu des conversations de fond avec l’ambassadeur russe Sergueï Kislyak avant que Donald Trump prenne ses fonctions, le général de réserve a admis avoir eu un échange téléphonique avec lui au sujet des sanctions américaines contre la Russie. Il a été poussé à la démission le 13 février pour avoir omis d’en faire état au vice-président, Mike Pence, et à d’autres responsables de l’administration, pendant son audition devant le Sénat.
Katie Walsh, en novembre 2016. | Zach Gibson / AFP
Katie Walsh, secrétaire générale adjointe (20 janvier-30 mars)
Personnage-clé de l’entourage de Donald Trump, Katie Walsh avait travaillé auprès de Reince Priebus au comité national républicain, et durant la campagne présidentielle. Nommée secrétaire générale de la Maison Blanche en janvier, elle a quitté ses fonctions le 30 mars, après que la majorité, faute de soutiens suffisants au Congrès, a été forcée de retirer le texte abrogeant l’Obamacare. Elle a déclaré vouloir rejoindre America First Policies, un groupe de pression pro-Trump, pour continuer à soutenir l’action du président.
Michael Dubke, directeur de la communication de la Maison Blanche (6 mars-30 mai)
Directeur de la communication pendant trois mois, Micheal Dubke a démissionné le 30 mai pour raisons « personnelles » alors que Donald Trump entamait son premier voyage à l’étranger.
Sean Spicer, le 21 juillet 2017. | Alex Brandon / AP
Sean Spicer, porte-parole de la Maison Blanche (20 janvier-21 juillet)
Porte-parole de la Maison Blanche pendant six mois, son rôle était devenu difficile avec l’ouverture de l’enquête sur d’éventuelles complicités entre des membres de l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie. Il aurait choisi de démissionner le 21 juillet en raison d’un désaccord avec Donald Trump portant sur la nomination d’un nouveau directeur de la communication, Anthony Scaramucci.
Marc Kasowitz, en juin 2017. | Pablo Martinez Monsivais / AP
Marc Kasowitz, avocat personnel de Donald Trump
Marc Kasowitz accompagne Donald Trump depuis les déboires du casino d’Atlantic City. Il a été écarté de l’équipe des juristes chargés de défendre le président Trump et sa famille dans l’affaire russe, le 21 juillet. M. Trump aurait été énervé par le manque d’agressivité de ses défenseurs dans ce qu’il dénonce comme une « chasse aux sorcières ». Le dossier russe a été confié à deux juristes de Washington, John Dowd et Jay Sekulow ; et à l’ancien procureur fédéral Ty Cobb au sein de la Maison Blanche.
- Mark Corallo, porte-parole de l’équipe juridique de Donald Trump
Porte-parole de l’équipe de juristes du président, Mark Corallo n’est pas resté plus de deux mois en fonctions. L’affaire russe est, là encore, à l’origine de son départ. Opposé à la stratégie des avocats consistant à entamer la crédibilité du procureur spécial Robert Mueller, qu’il tient en estime, M. Corallo a démissionné le 21 juillet.
Reince Priebus, le 25 juillet 2017. | SAUL LOEB / AFP
Reince Priebus, secrétaire général de la Maison Blanche, chef de cabinet (20 janvier-27 juillet)
Secrétaire général de la Maison Blanche, Reince Priebus avait été affaibli par la démission de son allié à la Maison Blanche, Sean Spicer. Sa « démission en accord avec le président » est survenue au terme d’une semaine mouvementée dans l’entourage de Donald Trump. Anthony Scaramucci, nommé directeur de la communication le 21 juillet, s’en était pris à M. Priebus quelques jours auparavant, le qualifiant de « putain de schizophrène paranoïaque ». « Un président a le droit de remettre les compteurs à zéro (…) et je pense que la Maison Blanche en a besoin », a déclaré Reince Priebus sur la chaîne CNN pour justifier son départ.
Anthony Scaramucci, le 21 juillet 2017. | JIM WATSON / AFP
Anthony Scaramucci, directeur de la communication (21 juillet-31 juillet)
Directeur de la communication durant dix jours, Anthony Scaramucci a été limogé le 31 juillet sur fond de polémique après une interview dans laquelle il insultait plusieurs collaborateurs du président. Cet ancien de la banque Goldman Sachs, gros donateur du Parti républicain, avait déclaré : « Ce que je vais faire, c’est éliminer tout le monde dans l’équipe de communication et tout recommencer à zéro. Je les virerai tous », avait-il encore lancé au New Yorker. Selon le New York Times, c’est John Kelly, le nouveau secrétaire général de la Maison Blanche, qui a exigé son départ.
Le reste de l’administration n’est pas épargné
La pratique est courante aux Etats-Unis, où l’administration fonctionne selon le principe du spoil system : à chaque élection, le nouveau président choisit ses collaborateurs et remplace une grande partie des membres de l’administration fédérale. Donald Trump n’a pas dérogé à la règle.
Preet Bharara, en décembre 2014. | BRENDAN MCDERMID / REUTERS
Preet Bharara, procureur fédéral de Manhattan (13 août 2009-11 mars 2017)
Le procureur fédéral de Manhattan, nommé procureur par Barack Obama, a été démis de ses fonctions le 11 mars, après avoir refusé de démissionner, la veille, à la demande du ministre de la justice américain. Preet Bharara s’était forgé une image d’indépendance. Dans un premier temps (en novembre 2016), Donald Trump lui avait demandé de conserver ses fonctions. En plus de sept années de mandat, M. Bharara avait lancé des enquêtes visant aussi bien des responsables républicains que démocrates, et ce jusqu’aux plus hautes sphères. Certaines de ces investigations visent l’entourage du gouverneur démocrate de l’Etat de New York, Andrew Cuomo.
James Comey, en février 2016. | Gabriella Demczuk / AFP
James Comey, patron de la police fédérale américaine (4 septembre 2013-9 mai 2017)
Le 8 mai, James Comey reconnaissait, lors d’une audition devant le Congrès américain, avoir subi des pressions du président des Etats-Unis. Le lendemain, il était démis de ses fonctions par Donald Trump, officiellement pour restaurer « la confiance » dans le FBI. En mars, il avait confirmé au président qu’une enquête portant sur de possibles liens entre le gouvernement russe et des personnalités de son équipe avait été ouverte par le FBI.
Walter Shaub, directeur du Bureau américain pour l’éthique gouvernementale (9 janvier 2013-6 juillet 2017)
Le 6 juillet, Walter Shaub démissionnait de ses fonctions, mettant fin à ce que le New Yorker a qualifié de bataille « donquichottesque » pour amener Donald Trump à éviter les conflits d’intérêts entre la présidence et la Trump Organization. Des critiques que balaie Donald Trump, selon qui « la loi est totalement de [son] côté ». Une affirmation confirmée par les juristes. Présidence comme vice-présidence ne sont pas désignées dans la loi sur les conflits d’intérêts.