La procureure générale du Vénézuela Luisa Ortega Diaz lors d’une conférence de presse le 31 juillet 2017. | MARCO BELLO / REUTERS

La séance inaugurale de l’Assemblée constituante vénézuélienne, voulue par le président Nicolas Maduro et rejetée par ses adversaires, a été reportée de 24 heures et se tiendra vendredi 4 août, malgré les dénonciations de fraude entourant l’élection de ses 545 membres.

Elle sera « organisée dans la paix, dans la tranquillité et avec tout le protocole nécessaire vendredi prochain à 11 heures du matin », a déclaré mercredi soir M. Maduro lors d’une réunion avec des membres de cette assemblée élue dimanche.

Quelques heures plus tard, la procureure générale du Venezuela Luisa Ortega annonçait qu’elle avait ouvert une enquête sur les suspicions de fraude entourant l’élection de l’Assemblée constituante voulue par le président Nicolas Maduro.

« Je vous informe que j’ai désigné deux magistrats pour enquêter sur les quatre directeurs du CNE (Conseil national électoral, ndlr) pour cet acte très scandaleux », a déclaré Mme Ortega à la chaîne d’information américaine CNN, faisant référence aux accusations de « manipulation » lancées par l’entreprise britannique chargée des opérations de vote qui se sont déroulées dimanche dernier.

« Fait inédit, grave »

L’opposition entend, elle, continuer à siéger au Parlement. Elle se préparait, par ailleurs, à manifester jeudi contre l’installation de ce « super-pouvoir » qui pilotera le Venezuela pour une durée indéterminée.

Ce scrutin, qui s’est déroulé dimanche dans un contexte de grande violence, faisant dix morts, ne cesse de susciter un tollé au niveau international. Plus de 120 personnes au total ont été tuées en quatre mois de manifestations contre le président socialiste.

« Nous savons, sans le moindre doute, que (les chiffres de) la participation à l’élection d’une Assemblée constituante nationale ont été manipulés », a déclaré Antonio Mugicala, le PDG de l’entreprise britannique SmartMatic, en charge des opérations de vote au Venezuela « depuis 2004 ».

« La différence entre la participation réelle et celle annoncée par les autorités est d’au moins un million de votes », a-t-il estimé.

« Nous sommes face à un fait inédit, grave et qui constitue un délit », a affirmé Mme Ortega, qui avait dénoncé lundi la Constituante et « une ambition dictatoriale » du président Maduro, qui a succédé à Hugo Chavez, décédé en 2013.

« Paix et tranquillité »

Cette chaviste de longue date a rompu avec le gouvernement pour en devenir un des principaux adversaires.

Le scrutin s’est déroulé dimanche dans un contexte de grande violence, faisant dix morts, et ne cesse de susciter un tollé au niveau international.

L’opposition l’a boycotté en dénonçant une « fraude » visant à prolonger le pouvoir de M. Maduro, dont le mandat s’achève en 2019.

Le président a annoncé mercredi que l’installation de l’Assemblée constituante, initialement prévue pour jeudi, était reportée à vendredi et serait « organisée dans la paix, dans la tranquillité et avec tout le protocole nécessaire ».