Benyamin Nétanyahou à Jérusalem, le 23 juillet 2017. | ABIR SULTAN / REUTERS

La pression judiciaire s’accentue sur le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Ari Harow, un de ses anciens proches collaborateurs, a accepté vendredi 4 août de coopérer avec la justice dans l’enquête sur deux affaires de corruption qui risquent de toucher le premier ministre, selon des informations de la presse. L’annonce a été confirmée par un responsable israélien sous couvert d’anonymat.

L’accord signé par Ari Harow avec la justice était attendu depuis des jours. Lui-même arrêté en 2015 et inquiété dans une affaire de fraude, il est menacé d’une peine de prison. En échange de sa collaboration dans les affaires risquant d’éclabousser M. Nétanyahou, l’ancien chef de cabinet du premier ministre aurait obtenu la clémence de la justice le concernant, selon les quotidiens Haaretz et Yediot Aharonot. Aucune autre source n’a toutefois spécifié la teneur de l’accord.

L’une des enquêtes repose sur le soupçon que M. Nétanyahou aurait reçu, illégalement, des cadeaux de personnalités très riches, dont le milliardaire australien James Packer et un producteur hollywoodien, Arnon Milchan. La valeur de ces cadeaux a été chiffrée par les médias à des dizaines de milliers de dollars.

Une autre enquête cherche à déterminer si le chef du gouvernement a essayé de conclure un accord secret avec le propriétaire du quotidien Yediot Aharonot, généralement hostile au premier ministre, pour obtenir une couverture positive de la part du journal. En échange de quoi M. Nétanyahou aurait aidé à réduire les opérations d’Israel Hayom, concurrent de Yediot.

Ces révélations surviennent alors que, toujours selon la presse, l’épouse de Benyamin Nétanyahou, soupçonnée d’avoir détourné de l’argent public pour des dépenses d’ordre privé, a été interrogée jeudi 3 août par la police.

Des spéculations sur une éventuelle démission

Les interrogatoires auraient déjà livré aux policiers un matériel précieux dans les deux dossiers qui concerneraient le premier ministre israélien. Ce sont des enregistrements de conversations entre M. Nétanyahou et le propriétaire de Yediot, retrouvés sur le portable de M. Harow, qui ont éveillé les soupçons des policiers, selon la presse.

Le chef du gouvernement a été interrogé à plusieurs reprises par les policiers, sans être mis en cause. Son porte-parole, David Keyes, a refusé de commenter l’accord annoncé vendredi. Jeudi encore, des sources proches du premier ministre répétaient l’antienne des derniers mois, rejetant « catégoriquement les allégations sans fondement contre lui ».

« La campagne en cours pour changer de gouvernement est vouée à l’échec pour une raison simple : il ne se passera rien [d’un point de vue judiciaire], parce qu’il ne s’est rien passé » de frauduleux. Ces informations ont cependant ravivé les spéculations sur une éventuelle démission de M. Nétanyahou et la tenue d’élections anticipées dont Israël est coutumier.

Ce n’est pas la première fois que le premier ministre de 67 ans, à la tête du gouvernement depuis 2009, est soupçonné, sans pour autant être inquiété. Et même si c’était le cas cette fois-ci, la ministre de la justice, Ayelet Shaked, a déclaré mercredi que M. Nétanyahou ne serait même pas tenu, légalement, de démissionner s’il était inculpé.