Des maillots de Neymar dans la boutique officielle du PSG. | CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS

Ça y est ! Depuis le 20 mai dernier, épilogue d’un championnat de France ayant vu éclore Kylian Mbappé, Monaco être sacré et Bastia quitter ses petits camarades (liste non exhaustive), les amateurs de football attendent la reprise de la Ligue 1. Et avec Monaco-Toulouse, vendredi 4 août, en guise d’amuse-bouche, les vingt clubs font leur retour sur les pelouses de France et de Navarre pour une cuvée 2017-2018 pour le moins intrigante. Revue d’effectif des enjeux et raisons de ne rien manquer de cette nouvelle saison.

  • Paris, aidé de Neymar, veut reprendre le titre

Pour la seconde fois depuis l’arrivée des investisseurs qataris au club, en 2011, le Paris-Saint-Germain a vu le titre de champion de France lui échapper l’an passé. Et si la victoire des surprenants Montpelliérains en 2011-2012 a pu être expliquée – côté parisien – par la mise en place du projet de QSI (Qatar Sport Investment), l’année passée, le PSG a été battu par plus fort que lui : l’AS Monaco. Ajoutée à l’historique remontada essuyée sur le terrain du FC Barcelone (leur élimination en quarts de finale de la Ligue des champions après une défaite 6-1 au match retour), cette perte de suprématie nationale a forcé le club de la capitale à travailler différemment. A commencer par la venue d’un nouveau directeur sportif, l’expérimenté Antero Henrique, ancien du FC Porto, qui a rapidement activé ses réseaux.

Et l’arrivée-au-terme-d’un-interminable-feuilleton de la superstar brésilienne Neymar devrait faire passer le club de la capitale – et toute la Ligue 1 – dans une autre dimension. 32e Brésilien à endosser le maillot parisien (en comptant Thiago Motta, au double passeport italien), et désormais plus cher transfert de l’histoire, le capitaine de la Seleçao renforce une équipe comptant déjà six Auriverde dans son effectif. Si la venue de l’ex-Barcelonais devrait entraîner un effet domino dans l’équipe d’Unai Emery – plusieurs départs étant nécessaires pour amortir le « transfert du siècle » – avec la venue de cette star dans la fleur de l’âge (25 ans) pour épauler Cavani, le PSG a désormais de quoi « dream bigger » (« rêver plus grand », le slogan du club) en brésilien.

  • Monaco entend défendre sa couronne sans changer de modèle

Monaco pillé (sportivement), Monaco renforcé (financièrement), mais Monaco champion en titre. Au sortir d’un été qui aura vu le club vendre une bonne partie des joyaux de la couronne princière (Bernardo Silva, Benjamin Mendy, Tiemoue Bakayoko, Valère Germain…) et engranger une recette totale équivalente aux trois quarts d’un Neymar (173,5 millions d’euros), l’équipe de Leonardo Jardim conserve sa ligne directrice lui ayant permis d’être sacrée l’an passé. Acheter des jeunes (très) prometteurs et les revendre (très) cher. En attendant de savoir si la pépite Kylian Mbappé effectuera une saison complète sous le maillot monégasque – le mercato courant jusqu’au 31 août – le club de la Principauté a de nouveau recruté de nombreux jeunes talents (le Belge Youri Tielemans, le Barcelonais Jordi Mboula…) et conservé son épine dorsale, du gardien Subasic au buteur Falcao en passant par l’entraîneur Jardim. Suffisant pour réussir un doublé en Ligue 1 ?

Kylian Mbappé. | ERIC GAILLARD / REUTERS

  • Des « projets » intrigants

« OM Champions project », « Lille Unlimited »… Au fur et à mesure que de nouveaux investisseurs internationaux s’installent en Ligue 1, le championnat de France voit fleurir les projets se voulant ambitieux et… se met à l’anglais. Entre Nice, le troisième du dernier exercice qui a su conserver l’essentiel de son effectif – de l’entraîneur Lucien Favre au buteur Mario Balotelli – pourtant fort convoité, et Lille, où les nouveaux propriétaires ont effectué une tabula rasa dans l’effectif et les us et coutumes à l’instigation de l’entraîneur Marcelo Bielsa, de nombreux clubs affichent leurs ambitions derrière les deux « ogres » parisien et monégasque.

Ayant notamment vendu sa vedette Alexandre Lacazette (à Arsenal) et le jeune milieu de terrain international Corentin Tolisso (au Bayern Munich), Lyon a remodelé ses lignes offensives, mais le troisième budget de Ligue 1 est, sur la ligne de départ, candidat aux premières places. Racheté l’an passé par l’Américain McCourt, l’Olympique de Marseille, cinquième du dernier championnat, poursuit son développement, avec des recrues aguerries (Mandanda, Rami, Luis Gustavo, Germain) faisant du club phocéen un sérieux candidat à la Ligue des champions. Ce qui tombe bien, parce que c’est leur projet.

  • Un nouvel équilibre géographique

Pour la première fois depuis la saison 2010-2011, la Ligue 1 sera restreinte cette année aux tracés de l’Hexagone. Avec la relégation de Bastia l’an passé – sportivement en Ligue 2, puis administrativement en National 1 – la Corse n’aura pas de représentant en première division cette saison. Et de Strasbourg à Bordeaux, de Lille à Montpellier ou de Guingamp à Monaco, cette saison, toute la France (et Monaco, donc) semble occupée par la Ligue 1. Toute ? Non. Une « diagonale du vide » persiste au centre de la France, que ne comblent pas les montées de Strasbourg, Amiens et Troyes.

  • Des entraîneurs étrangers à suivre

Marcelo Bielsa, le 15 juillet au Touquet. | FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Si l’on avait dit à l’amateur de football voici à peine un an que le match à ne pas manquer lors de la première journée serait Lille-Nantes (samedi), du fait notamment des entraîneurs des deux équipes, nombre d’observateurs auraient crié au fou. Mais là où s’asseyaient il y a un an les vieux routiers du championnat de France, Frédéric Antonetti et René Girard, deux entraîneurs de renom font leur retour en Ligue 1 : Marcelo Bielsa et Claudio Ranieri. Et outre leurs carrières bien remplies et l’admiration qu’ils suscitent chez leurs pairs, l’Argentin de Lille et l’Italien du FC Nantes incarnent la nouvelle mode sur les bancs de touche hexagonaux : les entraîneurs étrangers. En comptant le nouveau coach de Saint-Etienne, l’Espagnol Oscar Garcia, six d’entre eux apportent cette saison leur savoir-faire à des équipes du championnat de France. Une proportion inédite, liée à la fois au développement des clubs à l’international et au fait que les équipes du dernier podium de Ligue 1 (Monaco, Paris, Nice) ait à leur tête des entraîneurs étrangers (Leonardo Jardim, Unai Emery, Lucien Favre).

  • Quelle hiérarchie s’imposera ?

A chaque étage du championnat ses enjeux. Si certains clubs assument ne pas avoir les armes pour lutter pour le titre (18 clubs, à vrai dire), la Ligue 1 ne se résumera pas à un mano à mano pour la première place et à une lutte impitoyable pour le maintien. Entre Bordeaux, sixième du dernier exercice et dans la continuité, Rennes, dont l’entraîneur Christian Gourcuff a ciselé l’effectif à son image, le nouveau chapitre s’ouvrant à Saint-Etienne après huit ans de Christophe Galtier sur le banc, ou encore l’irréductible village de Guingamp, les inconnues sont nombreuses à l’orée de la saison.

  • Des petits poucets et des candidats au maintien

Evoluant en National 1 il y a à peine un an, Amiens effectuera cette année ses tout premiers pas en première division. Et débutera par la pelouse du Parc des Princes parisien, samedi. Pour cet authentique petit poucet, entraîné par Christophe Pelissier – qui avait déjà connu de nombreuses montées lors de l’épopée du club ariégeois de Luzenac –, l’enjeu sera de ne pas se brûler les ailes après cette ascension rapide vers le soleil de la Ligue 1. D’Arles-Avignon à Istres, les exemples à ne pas suivre ne manquent pas dans le football récent.

Autre promu, autre histoire, avec le retour du RC Strasbourg parmi l’élite. Revenu de l’enfer de la CFA 2 (cinquième échelon national), le club alsacien aspire avant tout à se maintenir à la fin de la saison. Même chanson pour Troyes, qui voudrait éviter un nouvel ascenseur Ligue 2 > Ligue 1 > Ligue 2 après sa victoire en barrages d’accession, face à Lorient. Avec Metz, Dijon, Toulouse, Montpellier et Angers, les trois promus devraient batailler ferme pour rester en Ligue 1.

  • Où s’arrêtera le « naming » ?

Après le Matmut Atlantique (Bordeaux) l’an passé, ou l’Allianz Riviera (Nice) quelque temps auparavant, l’épidémie de naming observée depuis quelques années dans le sport de haut niveau se poursuit en Ligue 1. Place cette année au Groupama Stadium, feu le Parc OL de Lyon, et surtout à une nouveauté : un an après avoir cédé (moyennant deniers sonnants et trébuchants) le nom de la 2e division à une chaîne de pizzas (appelez-la « Ligue 2 Domino’s Pizza »), la Ligue de football professionnel (LFP) a fait de même avec la première division cette année, mais avec un détaillant de mobilier. Officiellement, il faudra désormais appeler le championnat « Ligue 1 Conforama ».

Seule éclaircie dans cette nuée de noms et logos évoquant le court-métrage oscarisé Logorama, à l’entame de la saison, le maillot de l’Olympique de Marseille s’affiche vierge de tout sponsor. S’il ne faut y voir aucune velléité de la part du club phocéen – dont l’enceinte se nomme désormais l’Orange Vélodrome – de lutter contre la marchandisation du football, mais bien un moyen d’obtenir à terme un meilleur contrat, il y a fort à parier que ce maillot vierge, le dernier avec l’équipementier historique à trois bandes qui plus est, se vendra comme des petits savons à Marseille.

Orpheline de son emblématique et truculent doyen, le président de Montpellier depuis 1974, Louis Nicollin, mort fin juin, la Ligue 1 inaugure une saison s’annonçant alléchante. En cette année de Coupe du monde, de nombreux joueurs du championnat ont tout intérêt à effectuer une saison remarquable pour être du voyage en Russie. Verdict le 19 mai prochain, au soir de la 38e et ultime journée de la saison.