TV : « The Wizard of Lies », De Niro en parfait sosie de Bernard Madoff
TV : « The Wizard of Lies », De Niro en parfait sosie de Bernard Madoff
Par Renaud Machart
Notre choix du soir. Barry Levinson s’inspire à son tour de la gigantesque arnaque financière du « magicien de Wall Street » (sur OCS à la demande).
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En décembre 2008, au beau milieu de la crise financière qui secoua les marchés financiers, une « pyramide de Ponzi » aux proportions gigantesques, qu’on allait bientôt surnommer « l’affaire Madoff », devait ruiner des milliers de moyens et grands portefeuilles (banques, fondations, particuliers).
Depuis des lustres, Bernard Madoff, patron d’un fonds qui portait son nom, ancien président du Nasdaq, paraissait aux yeux de beaucoup comme le « magicien de Wall Street » : l’ancien maître-nageur qui avait fondé, à partir de presque rien, son premier fonds d’investissement en 1960, alors qu’il n’avait que 22 ans, garantissait de solides dividendes, quels que fussent les aléas du marché.
Mais puisque les dépôts de fonds de chaque nouveau client servaient à rétribuer les précédents, cette folle mécanique se grippa soudainement lorsque, au moment de la chute des marchés financiers de 2008, les clients de Madoff retirèrent massivement et au même moment leurs sommes placées.
Une destinée sidérante
La baguette du « magicien » perdit son pouvoir quand il lui fut impossible de les rembourser tous : Madoff ne disposait en banque que d’un septième de ce qui lui était réclamé. Il dut se dénoncer au FBI, avouant sans ambages une fraude de quelque 65 milliards de dollars (61,5 milliards d’euros).
Cette destinée monstrueuse et sidérante a d’abord été illustrée, de manière très libre, par le film Blue Jasmine (2013), de Woody Allen. En 2016, un long téléfilm en deux parties pour ABC, Madoff, de Ben Robbins, diffusé en novembre de la même année par Paris Première, illustrait plus directement l’affaire. Avant que Barry Levinson ne s’en empare dans The Wizard of Lies, pour HBO, que propose cet été OCS.
Les deux téléfilms, de bonne qualité, sans plus, ont des narrations différentes. Levinson a choisi de s’appuyer sur le long entretien que Madoff, en prison depuis juin 2009 pour cent cinquante ans, a accordé à la journaliste du New York Times Diana B. Henriques, auteure de The Wizard of Lies : Bernie Madoff and The Death of Trust (Times Books-Henry Holt, 2011, non traduit).
On trouvera, dans The Wizard of Lies, des détails absents de Madoff : une scène montre le couple Madoff tentant de se suicider par l’absorption de tous les comprimés de somnifères et d’anxiolytiques à leur portée. Mais Ruth Madoff devait révéler lors d’un entretien à la chaîne de télévision CBS, en 2011 : « Ça a été une décision très impulsive, mais je suis contente que nous nous soyons réveillés le lendemain. »
Gueule fermée
Michelle Pfeiffer est excellente dans son incarnation de l’épouse hébétée, comme l’était Blythe Danner dans le précédent téléfilm (présenté improprement comme une minisérie). Surtout, tout le monde attendait Robert De Niro dans ce rôle, où sa transformation physique en fait un sosie assez confondant du vrai Madoff.
Or, De Niro fait essentiellement du De Niro – c’est-à-dire : la gueule. Cette gueule fermée qui est sa signature et qu’éclaire de temps à autre une moue ou un rictus un peu forcé. Face à ce monstre sacré, Richard Dreyfus, choisi par Ben Robbins, laissera le souvenir d’un Madoff moins ressemblant physiquement, mais tellement plus subtil et plus riche d’une palette expressive : derrière les sourires patelins perçait une insondable et vertigineuse cruauté, absente chez De Niro.
The Wizard of Lies, de Barry Levinson. Avec Robert De Niro, Michelle Pfeiffer, Alessandro Nivola, Nathan Darrow (EU, 2017, 127 min). Prochaine diffusion le 6 août à 17 h 25 sur OCS City et à la demande sur OCS Go.