France 2, dimanche 25 novembre à 21 heures, film

Dheepan, septième long-métrage de Jacques Audiard, témoigne de suffisamment d’audace et de qualités pour qu’on le recommande. Il ne viendrait pas, de fait, à l’esprit du premier réalisateur venu de placer trois acteurs originaires du sous-continent indien, dont deux non-professionnels, pour en faire les héros d’un film évoquant le destin d’une famille de réfugiés sri-lankais officiant comme gardiens dans une cité chaude de banlieue parisienne.

Aussi bien Deephan ressemble-t-il longtemps à un film réaliste à fort engagement social et au substrat documentaire marqué. Pour qui connaît son Audiard, il est évident que cette position ne saurait être véritablement tenue. De fait, rien de bien convaincant n’émane de cette hypothèse, ni quant à la nature du conflit que fuient les héros au Sri Lanka (qui est pourtant loin d’être anodine), ni quant à la manière dont on obtient un titre de séjour en France (si facile ici), ni quant à la réalité des banlieues françaises (qui mériterait un peu plus de complexité).

Action, romance et violence

Deux points forts, en revanche, occupent le cinéaste, comme à l’accoutumée : le romanesque et l’action, la romance et la violence. Le premier de ces chapitres est de loin le plus convaincant, le plus subtil et délicat. Un membre des Tigres tamouls brûle son uniforme lors de la défaite militaire de la rébellion. Associé à une réfugiée de la société civile et à une jeune orpheline, il crée de toutes pièces une fausse famille et un faux nom, pour émigrer. La femme vise le Royaume-Uni, où vit sa cousine, mais ce sera la France. Les trois exilés, étrangers l’un à l’autre mais rassemblés par l’infortune, vont devoir apprendre à former une famille dans le contexte, plutôt hostile, d’une loge de gardien dans une zone de non-droit.

Deux points forts, occupent le cinéaste, comme à l’accoutumée : le romanesque et l’action, la romance et la violence

Ce qui se déroule durant cette période d’acclimatation, entièrement filmée dans l’enceinte de la cité, l’étrangeté des mœurs locales révélées par le regard ingénu de trois rescapés de l’enfer, leur désir de s’intégrer pour trouver la paix, l’apprentissage de leur propre cohabitation, la tentation de la tendresse entre le couple comme entre celui-ci et la fillette qui n’est pas la leur, le désir à fleur de peau de la femme pour un jeune dealeur en liberté surveillée, tout cela est assez remarquablement enlevé, empreint de finesse et d’humour.

Lire la critique des « Frères Sisters »  : Jacques Audiard sur les terres du western

Dheepan, de Jacques Audiard.(France, 2015, 114 min). www.france.tv/france-2