Documentaire sur Public Sénat à 22 h 05

Un jour, je serai présidente - Bande annonce du documentaire

C’est un paradoxe bien français que soulignent d’emblée, non sans piquant, Caroline Behague et Marie-Noëlle Dumay dans leur documentaire Un jour, je serai présidente : « Les femmes ont longtemps occupé un poste idéal au sein de la République. Belles et muettes, elles ornaient sous les traits de Marianne les mairies et les Assemblées. Les femmes se sont longtemps contentées d’être des potiches. » Avant de désirer incarner la République, autrement que sous la forme d’un buste en plâtre, en se lançant dans une course semée d’embûches, de chausse-trapes et d’attaques sexistes en tout genre.

Depuis l’avènement de la Ve République en 1958, douze femmes – et non treize comme il est dit par erreur – se sont portées candidates à la magistrature suprême. Autant pour le poste que, chez certaines mais pas toutes – on pense notamment à ­Marie-France Garaud (candidate en 1981) –, pour combattre les préjugés sur les femmes et le pouvoir, et modifier les mentalités d’une société ambivalente. Ainsi que le souligne Dominique Voynet, qui se présenta à deux reprises, en 1995 et en 2007 : « D’un côté, les Français prétendent être heureux de voir des femmes à la présidence de la République, d’un autre, ils ne sont pas forcément prêts à voter pour elles. »

Une ambition toujours suspecte

D’Arlette Laguiller, pionnière en 1974 et détentrice du record de participation avec six candidatures, à Marine Le Pen en 2012 (date à laquelle s’arrête le film), en passant par Huguette Bouchardeau (1981), Corinne Lepage (2002), Christine Boutin (2002), Eva Joly ou encore Christiane Taubira (2002), toutes témoignent ici de ce qu’elles durent essuyer, ­non seulement de la part de leurs ­homologues masculins, mais aussi des médias. Que ce soit sur leur ambition – toujours suspecte chez une femme –, sur leur apparence physique ou sur leur statut de mère.

Marie-France Garaud à Paris en avril 1981. | PIERRE GUILLAUD/AFP

Pour autant, loin de se borner à un florilège du sexisme politico-médiatique – largement abordé dans divers documentaires consacrés à la place des femmes en politique –, grâce aux analyses d’édi­torialistes politiques tels Tho­mas Legrand ou l’incontournable Alain Duhamel, mais aussi Marlène Coulomb-Gully, professeure en communication politique à l’université Toulouse-II, les deux auteures mettent en lumière la manière dont ces différentes candidatures ont fait bouger sensiblement les lignes. Et ont contribué à banaliser l’idée d’une femme présidente, sans qu’aucune soit parvenue encore à briser le fameux plafond de verre.

Un jour, je serai présidente, de Caroline Behague et Marie-Noëlle Dumay(Fr., 2017, 50 min).