Après les échecs d’Usain Bolt et d’Elaine Thompson au 100 m, la Jamaïque peut « se refaire la cerise » sur le 110 m haies masculin à (21 h 30 heure locale, 22 h 30 à Paris), avec le favori de la discipline, Omar McLeod. La soirée sera aussi rythmée par une alléchante finale du 1 500 m féminin où la Sud-Africaine Caster Semenya, l’Ethiopienne Genzebe Dibaba et la Britannique Laura Muir, à domicile, devraient jouer les premiers rôles. Côté français, premières chances de médailles avec Alexandra Tavernier au marteau et Garfield Darien dans le 110 m haies.

Orlando Ortega, dimanche 6 août, lors des demi-finales du 110 m haies. | Matthias Schrader / AP

  • La story

« Poner una zancadilla a alguien ». Voilà l’équivalent espagnol de l’expression « mettre des bâtons dans les roues ». « Una zancadilla » ? Un croche-pied. C’est peu dire qu’Orlando Ortega, cubain, l’un des participants de la finale du 110 m haies, lundi, en a déjà bouffé pas mal, des zancadillas. Le type a déjà eu son lot d’obstacles au cours de sa carrière, merci pour lui. Et on ne vous parle pas des dix barrières de 106 centimètres de haut et espacées de 9,14 mètres qu’il doit se coltiner à chaque course officielle.

A 26 ans, Ortega, dispute sa première finale de championnats du monde, lundi. La faute à une éclosion tardive ? Pas du tout. Il y a cinq ans, il s’était déjà qualifié pour la finale des Jeux olympiques de Londres, sixième place à la clé. Prometteur. Tout en fluidité sur les haies, il s’annonçait comme un successeur de son aîné et compatriote Dayron Robles, au talent aussi gros que ses lunettes.

Oui mais voilà, en 2013, aux Mondiaux de Moscou, en conflit avec sa fédération, Ortega se fait la malle en pleine compétition. Du côté de La Havane, on fustige le déserteur, celui qui a « abandonné la délégation », renonçant « à défendre la cause du pays qui l’a formé comme athlète ».

Le Cubain va s’installer en Espagne, loin de sa famille, restée dans la province d’Artesima. Alors qu’il a demandé la nationalité espagnole, il rate les Mondiaux de Pékin, en 2015. Cuba fait tout pour l’empêcher de défendre les couleurs de son nouveau pays.

Casse-tête

La question de sa présence ou non à Rio a longtemps semblé un casse-tête, ou quand Kafka s’invite dans le monde l’athlétisme. Explications : selon le règlement de l’IAAF « si l’athlète acquiert une nouvelle nationalité, il pourra représenter sa nouvelle Fédération membre dans une compétition internationale (…) pas avant une période d’au moins trois ans à compter de la date d’acquisition de la nouvelle nationalité consécutive à la demande de l’athlète ». Problème : Ortega, naturalisé en 2015, réside officiellement en Espagne depuis novembre 2013. Insuffisant, a priori, pour participer à la fête olympique au Brésil.

Ce sont finalement les règles du Comité international olympique, selon lesquelles un sportif peut représenter son nouveau pays trois ans après la dernière compétition internationale disputée avec son ancien pays, qui viendront à son secours. Ayant couru pour Cuba pour la dernière fois le 11 août 2013, Ortega peut donc prendre part aux séries qui débutent le 16 août 2016 à Rio. Il apporte l’argent à son nouveau pays, derrière le Jamaïcain Omar McLeod.

Si le champion olympique paraît toujours intouchable à Londres, la bagarre devrait être rude avec le Russe sous bannière neutre Sergueï Choubenkov, champion du monde en titre, ou, pourquoi pas le Français Garfield Darien (Pascal Martinot-Lagarde, Dimitri Bascou et Wilhem Belocian ont tous déclaré forfait). Elle ne manquera pas de belles histoires, dont celle de l’Américain Aries Merritt, revenu au meilleur niveau sur les pistes après une greffe de rein.

Ortega, perturbé par des pépins physiques en début de saison, n’était que le neuvième performeur mondial de l’année avant Londres. Qualifié de justesse, au temps, pour la finale, il espère pouvoir exhiber le drapeau jaune et rouge sur la piste du stade olympique. Et que, depuis les tribunes, on ne lui tendra pas une bannière de Cuba, comme ce fut le cas à Rio l’année dernière.

  • Hors piste

Hero le hérisson, à côté d’un athlète jamaïcain, vendredi 4 août. | MARTIN MEISSNER / AP

Attention, gros scoop. Vous vous souvenez de cette image désormais célèbre, de Justin Gatlin s’agenouillant devant Usain Bolt, samedi 5 août, après la finale du 100 m ? Eh bien figurez-vous que d’après nos informations, de sources contradictoires et non vérifiées, l’Américain, tout récent champion du monde, s’est inspiré de « Hero the hedgehog ». Hero le hérisson, en version française, la mascotte de ces Mondiaux. Et la preuve de ce que nous avançons, la voici ci-dessous. La photo date de vendredi 4 août, on y voit Hero le hérisson à genou devant le Jamaïcain. Le geste de Gatlin, le lendemain, n’en est qu’une pâle copie, cela saute aux yeux.

L’original. | MATTHIAS SCHRADER / AP

La copie. | PHIL NOBLE / REUTERS

Depuis quelques jours, Hero le hérisson se pique d’ambiancer le stade olympique de Londres qui, à vrai dire, n’a pas vraiment besoin de lui pour s’enflammer. Nous avons vu l’animal effectuer des roulades dans les escaliers de l’enceinte, s’installer dans une bouée flottante en forme de flamant rose dans la rivière du steeplechase, ou encore effectuer une danse sportive sur la pelouse. Too much ?

On ne va pas se mentir, tous les efforts de Hero le hérisson n’y feront rien : ici à Londres, la sauce à la menthe n’a pas pris, et Hero le hérisson n’a pas réussi à nous hérisser les poils. Pas de frisson, comme avec la vache Cooly lors des championnats d’Europe d’athlétisme de Zurich, en 2014, ou Vinicius, la fabuleuse mascotte des Jeux de Rio. En même temps, il ne fallait peut-être pas laisser une petite fille de 9 ans proposer l’identité de la mascotte des Mondiaux. Voilà un sujet bien trop important pour être confié à une enfant.

  • En piste

20 h 00 : finale du lancer de marteau féminin

21 h 25 : finale du triple saut féminin

22 h 30 : finale du 110 m haies

22 h 50 : finale du 1 500 m féminin