Un jeune homme de 19 ans mis en examen pour une dizaine d’incendies criminels autour d’Istres
Un jeune homme de 19 ans mis en examen pour une dizaine d’incendies criminels autour d’Istres
Par Luc Leroux (Marseille, correspondant)
Le pyromane présumé a justifié ses actes par un ressentiment à l’égard de sa mère. Il encourt jusqu’à quinze ans de prison.
Incendie à Bormes-les-Mimosas, le 26 juillet 2017. / JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS
Un jeune homme de dix-neuf ans a été mis en examen, vendredi 11 août, pour avoir provoqué une dizaine de départs de feu à Istres (Bouches-du-Rhône) et dans ses environs entre le 25 mai et le 1er août. Le juge d’instruction d’Aix-en-Provence a retenu la qualification criminelle de « destruction par incendie de bois ou de forêt dans des conditions de nature à exposer les personnes à un dommage corporel ou à créer un dommage irréversible à l’environnement », une infraction punie de quinze ans de réclusion criminelle.
En dépit de l’absence de tout antécédent judiciaire, le jeune homme a été placé en détention provisoire. Le parquet d’Aix-en-Provence évoque « un individu dangereux et un risque de récidive important ». Placé mercredi en garde à vue, ce jeune Istréen sans profession qui a obtenu en juin un baccalauréat « chimie de l’eau » a avoué les faits, a précisé Olivier Poulet, procureur de la République adjoint d’Aix-en-Provence. Le jeune homme a reconnu « être fasciné par le feu et le travail des pompiers ».
Selon les premiers éléments d’enquête, ce pyromane présumé « au profil très classique et préoccupant » aurait allumé les feux avec un briquet – toujours le même a-t-il précisé – dans une végétation très sèche, privilégiant les jours de fort mistral. S’il n’a pas reconnu certains départs de feu, c’est moins dans une volonté de contestation que par un défaut de souvenirs précis.
« J’aime le feu »
Jeune homme décrit comme gracile et fluet « faisant une quinzaine d’années », il a justifié ses actes par un ressentiment à l’égard de sa mère – avec laquelle il vit ainsi qu’un frère de deux ans son cadet. Ce dernier aurait lui-même été récemment interpellé pour deux départs de feu et fait l’objet d’une convocation devant le tribunal pour enfants. Ce jeune frère serait à l’origine de l’incendie de la maison familiale, en 2008 ; les dégâts avaient été importants. Un suivi psychologique de la famille avait à cette époque été mis en place.
De source proche de l’enquête, on évoque une personnalité curieuse, un jeune homme qui donne « une drôle d’impression, comme s’il assistait en observateur très flegmatique à sa garde à vue et aux suites judiciaires ». Il aurait reconnu avoir commis « une grosse bêtise », comprenant devoir aller en prison. « J’aime le feu », a-t-il affirmé, expliquant en garde à vue avoir calculé ses mises à feu pour éviter que l’incendie ne fasse des victimes et ne prenne trop d’ampleur. Le juge d’instruction aixois devrait désigner rapidement des experts psychiatres qui s’intéresseront à cette fascination pour le feu mais aussi à une forme de ritualisation de ses mises à feu que le jeune homme a évoquée.
La répétition des incendies à Istres avait conduit la direction départementale de sécurité publique à mobiliser quarante enquêteurs sur un dossier qualifié de prioritaire et auquel ont été associés les sapeurs pompiers et les agents de l’Office national des forêts. Les images de vidéosurveillance, l’analyse de la géolocalisation du téléphone du suspect et des témoignages ont conduit à l’identification du jeune homme, toujours présent lors des départs des feux dont il observait la progression. Ce garçon qui a confessé sa volonté de devenir pompier a été interpellé à son domicile.
La répétition de foyers avait provoqué un début de psychose dans cette commune située autour de l’étang de Berre, d’autant qu’à plusieurs reprises il avait fallu évacuer des zones d’habitation. Une dizaine de véhicules ont été détruits par les flammes qui ont ravagé une centaine d’hectares de végétation. La semaine dernière, le maire d’Istres, François Bernardini, dénonçait le caractère criminel de ces incendies dont « la répétition quasi quotidienne ne peut être le fruit du hasard ». « Il y a une intention criminelle et quelqu’un nous mène une véritable guérilla », estimait alors l’élu.