TV : Salzbourg, de « Papy Marmotte » à Verdi
TV : Salzbourg, de « Papy Marmotte » à Verdi
Par Renaud Machart
Notre choix du jour. De 14 h 30 à minuit, Arte rend hommage à la ville autrichienne qui, chaque été, accueille le festival le plus prestigieux du monde.
La journée spéciale que dédie Arte à la ville natale de Mozart est habilement mitonnée : en hors-d’œuvre ou trou normand, quelques émissions inédites ponctuent un menu pour beaucoup constitué de restes du placard à rediffusions de la chaîne franco-allemande. Le clou de la journée étant la captation, en léger différé, de l’opéra Aïda, de Giuseppe Verdi, avec la soprano Anna Netrebko et le chef Riccardo Muti à la tête de l’Orchestre philharmonique de Vienne, formation en résidence du Festival de Salzbourg.
Créée en 1920 par le metteur en scène Max Reinhardt et le dramaturge Hugo von Hofmannsthal, cette manifestation théâtrale et musicale est – au moins en ce qui concerne la musique – la plus cotée au monde, fréquentée par la jet-set mélomane et lyricophile au portefeuille garni. (Les billets pour les concerts étant cependant plus abordables.)
Le Festival de Salzbourg a vécu des périodes diversement riches, selon qui était à sa tête : ronflant et luxueux sous le magistère d’Herbert von Karajan, de 1956 à 1989, il devient insolent et avant-gardiste pendant l’ère Gerard Mortier.
Classique parmi les classiques
Après des années plus ou moins heureuses, depuis 2001, année de départ du flamboyant Belge, la manifestation a de nouveau à sa tête un homme dont les goûts et pratiques musicaux – Markus Hinterhäuser est un excellent pianiste, réputé notamment pour ses interprétations de la musique contemporaine – apportent un nouveau vent de créativité. On découvrira le portrait de cet homme chaleureux et sympathique.
Mais si la création lyrique a toujours eu sa place au festival, c’est un classique parmi les classiques que propose Arte, à partir de 21 heures, en léger différé : Aïda, l’opéra peut-être le plus connu de Verdi. La surprise pourrait venir de la mise en scène de l’artiste vidéaste iranienne Shirin Neshat : « Celle-ci livrera son interprétation du chef-d’œuvre de Verdi, à la croisée de l’art et du pouvoir, entre Orient et Occident » annonce la chaîne franco-allemande.
Autre trublion fréquemment associé au Festival de Salzbourg sous Gerard Mortier, le metteur en scène américain Peter Sellars fait son retour avec La Clémence de Titus, de Mozart, dirigé par le jeune chef gréco-russe Theodor Currentzis. Un portrait de ce dernier est rediffusé pour l’occasion. Autant le musicien est exceptionnel, autant l’homme est déplaisant par son excentrique fatuité.
Après Aïda, un numéro de « Square artiste » laisse une carte blanche à Sellars. Nous n’avons pu le visionner, mais le metteur en scène, d’une rare intelligence, est toujours passionnant dans ses propos et sa vision artistique.
Gratteurs de falaises
Outre un concert – le Concerto pour violon de Beethoven dirigé par le fringant Lorenzo Viotti, lauréat en 2015 du prix des jeunes chefs d’orchestre du Festival de Salzbourg – et une absurde exécution du Requiem de Mozart accompagnée par les mouvements équestres de Bartabas, le curieux pourra découvrir mille choses sur Salzbourg et sa région.
Des gratteurs de falaises (en surplomb d’une partie de la vieille ville qu’elles menacent d’éboulements) à une troupe de « théâtreux » babas cool en pleine forêt, de « Papy Marmotte » (entouré de ces charmants rongeurs) à un couple de jeunes agriculteurs bio, de la fabrication du traditionnel loden (mais avec des laines de Nouvelle-Zélande qui grattent moins que celle du mouton local) aux jeux d’eau des jardins à l’italienne et à la française, rien n’échappe au radar de cette journée salzbourgeoise.
Avec deux émissions culinaires, à propos des spécialités locales, pas toujours légères, le téléspectateur en aura assurément plein l’assiette cathodique. Et l’on remerciera Arte d’avoir banni l’évocation des fameux « Mozartkugel », une écœurante spécialité de boules au chocolat, pistaches, amandes et praliné dont les touristes se remplissent l’estomac et les confiseurs les poches. Créées en 1890, elles furent au moins épargnées au divin Wolfgang…
14 h 40 : Les Alpes vues du ciel, de Salzbourg au Königsee, de Lisa Eder-Held (Aut/All, 2012, 52 mn); 15 h 35 : Currentzis : l’enfant terrible du classique, de Christian Berger (Aut, 2016, 52 mn) ; 16 h 30 : Salzbourg, ville baroque et joyeuse, présentée par Linda Lorin (Fr., 2017, 35mn); 16 h 45 : Markus Hinterhäuser, de Bettina Ehrhardt (All, 2017, 30 mn) ; 17 h 25 : Le Concerto pour violon, de Ludwig van Beethoven, captation d’Elisabeth Malzer. Avec Sergueï Khatchatrian (violon), la Camerata de Salzbourg dirigé par Lorenzo Viotti (All, 2017, 43mn); 18 h 15 : Le Requiem, de Mozart par Bartabas, captation d’Andy Sommer (Aut/Fr, 2017, 54 mn); 19 h 10 : Cuisines des terroirs : le Land de Salzbourg, de Wilma Pradetto (All, 2016, 26 mn) ; 20 h 05 : Les Aventures culinaires de Sarah Wiener en Autriche : les grands classiques de Salzbourg, de Florian Schewe (Fr/All/Aut, 2011, 43 mn) ; 21 h 00 Aïda, de Giuseppe Verdi, captation de Michael Beyer (All, 2017, 180 min) ; 23 h 40 : Square artiste : carte blanche à Peters Sellars, magazine (Fr/All, 2017, 26 mn).