Une trentaine d’intellectuels demandent la libération de Loup Bureau en Turquie
Une trentaine d’intellectuels demandent la libération de Loup Bureau en Turquie
Elie Barnavi, André Comte-Sponville, Caroline Fourest, Valérie Trierweiler… appellent les autorités turques à remettre en liberté le journaliste français, arrêté le 26 juillet.
Elie Barnavie, André Comte-Sponville, Caroline Fourest, Valérie Trierweiler… appellent les autorités turques à remettre en liberté le journaliste français, arrêté le 26 juillet.
Loup Bureau, jeune reporter français, âgé de 27 ans, et étudiant à l’Institut des hautes études des communications sociales (IHECS) de Bruxelles, a été arrêté, par les autorités militaires turques, ce 26 juillet 2017, dans la région de Silopi, en province de Sirnak, frontalière de l’Irak et de la Syrie, où il est, depuis lors, incarcéré dans une prison de cette même ville de Sirnak.
L’accusation dont il fait l’objet, « participation à un groupe terroriste », pour avoir seulement réalisé un reportage télévisé dans le Kurdistan syrien sur une unité de protection du peuple kurde (YPG), combattant contre le prétendu mais sanguinaire Etat islamique, mieux connu sous le nom de Daech, nous paraît totalement infondée, injustifiée, sinon absurde, tant sur le plan politique qu’idéologique et donc, outre son aspect inhumain, absolument contraire au respect, en matière juridique, du droit international.
Certes il ne s’agit pas de stigmatiser ici – nous insistons sur ce point essentiel pour la compréhension comme pour l’enjeu de cet important débat – la Turquie en tant que telle, pays pour lequel nous éprouvons, comme pour toute autre culture, le plus grand respect, mais bien de dénoncer, dans le cas présent, cette arrestation, aussi arbitraire qu’abusive, sinon indigne d’un pays civilisé.
Liberté de conscience
Davantage ! C’est un principe universel – la tolérance, chère à notre cœur tout autant qu’à notre raison – que nous, héritiers de l’humanisme de la Renaissance et de la philosophie des Lumières, nous défendons ici, au nom des droits de l’homme comme de la femme : la liberté de conscience – l’imprescriptible liberté de pensée, qui va de pair avec la non moins intangible liberté de parole, et donc le tout aussi nécessaire devoir d’informer correctement les citoyens –, sans laquelle il n’est point de démocratie qui vaille !
Car, oui, dans le cas de notre ami et confrère Loup Bureau, comme de tous les journalistes, artistes et intellectuels injustement emprisonnés aujourd’hui dans les geôles turques pour leurs seules idées, c’est cette liberté fondamentale, cruciale pour nos sociétés modernes, qui est ici bafouée, sinon niée de la façon la plus scandaleuse qui soit : on ne peut réprimer indéfiniment, ni bâillonner impunément la liberté d’expression. Gare au boomerang : il peut se révéler parfois dévastateur, souvent cruel et toujours fatal, pour les dictatures !
Ainsi, c’est forts et fortes de cette conviction morale, de ces principes éthiques comme de ces valeurs philosophiques, que nous, hommes et femmes de bonne volonté, nous vous demandons, avec cet appel solennel, de libérer instamment Loup Bureau. Nous espérons vivement, à l’instar de la communauté internationale en son ensemble, que vous y répondrez, dans les plus brefs délais, favorablement !
A lire également : tous nos articles sur la Turquie
Le texte ci-dessus a été signé par les personnes suivantes :
- Daniel Salvatore Schiffer (philosophe, écrivain, éditorialiste, porte-parole francophone du Comité international contre la peine de mort)
- Radouane Attiya (chercheur assistant en études arabes et islamologiques à l’Université de Liège)
- Stéphane Barsacq (écrivain, éditeur)
- Elie Barnavi (historien, directeur scientifique du Musée de l’Europe à Bruxelles, ancien ambassadeur d’Israël en France)
- Véronique Bergen (philosophe, écrivaine)
- Jean-Marie Brohm (professeur émérite de sociologie à l’Université de Montpellier III)
- André Comte-Sponville (philosophe)
- Jacques De Decker (écrivain, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique)
- François Dessy (juriste, avocat)
- Luc Ferry (philosophe, ancien ministre de l’éducation nationale français)
- Caroline Fourest (essayiste, éditorialiste)
- Marek Halter (écrivain)
- Anne-Michèle Hamesse (présidente de l’Association des écrivains belges)
- Rebecca Harms (membre du Parlement européen)
- Jean Jauniaux (écrivain, président du Pen Club Belgique)
- Claude Javeau (professeur émérite de sociologie à l’Université libre de Bruxelles)
- Aude Lancelin (philosophe, écrivaine, journaliste)
- Fabien Ollier (directeur de la revue Quel Sport ?)
- Jean-Pierre Orban (écrivain, chercheur)
- Jean-Luc Outers (écrivain)
- Michelle Perrot (historienne, professeuse des universités)
- Robert Redeker (philosophe, écrivain, journaliste)
- Elisabeth Roudinesco (historienne de la psychanalyse)
- Louis Sala-Molins (professeur émérite de philosophie politique aux universités de Paris-I et Toulouse-II)
- Alexandre Salvatore Schiffer (diplômé en philosophie et sociologie à l’université de Paris IV Sorbonne)
- Daniel Sluse (directeur de l’Ecole supérieure de l’Académie royale des beaux-arts de Liège)
- Jean Soler (ancien diplomate culturel, historien des religions, écrivain)
- Pierre-André Taguieff (philosophe, historien des idées, directeur de recherche au CNRS)
- Jean Toschi Marazzani Visconti (essayiste, journaliste à Milan)
- Valérie Trierweiler (journaliste)
- Alain Vircondelet (écrivain, universitaire)