Après avoir utilisé pendant des années des sites et des pages hébergés sur des plates-formes comme Tumblr pour diffuser sa propagande, l’organisation Etat islamique s’est tournée récemment vers les messageries instantanées. C’est ce que détaille, dans un texte publié par le site spécialisé Wired, Rita Katz, la directrice de SITE, une ONG qui étudie l’activité en ligne des groupes terroristes.

« Les grandes plateformes comme Facebook, Twitter, YouTube et Telegram sont devenues de moins en moins accueillantes pour l’EI », écrit Mme Katz. « Le groupe s’est donc recentré sur des applications de messagerie destinées aux entreprises et aux jeux en ligne. » Le groupe terroriste a tenté à plusieurs reprises, en 2018, d’établir des pages stables sur Tumblr ou Wordrpress.com, sans y parvenir.

Tentatives d’implantation sur des messageries

Mais les expérimentations de l’EI sur les services de messagerie n’ont guère été couronnées de succès non plus. En juillet, l’organisation a tenté de s’implanter sur Yahoo together, une application mobile de discussion – un choix étonnant, compte tenu de l’historique de Yahoo!, indiquant une collaboration poussée avec les autorités américaines. Les comptes créés à l’époque ont tous été rapidement supprimés. De même, plusieurs comptes sur l’application Viber ont été supprimés en 2018, après avoir été mis en avant par les canaux de propagande de l’EI. En revanche, plusieurs serveurs utilisés par l’EI sont toujours présents sur Discord, la très populaire application de discussion initialement utilisée par les amateurs de jeux vidéo en ligne.

A la fin décembre, l’EI a semblé se tourner vers une autre plate-forme : RocketChat, un outil libre de discussion destiné aux entreprises, qui revendique dix millions d’utilisateurs. « L’agence de presse » Nashir, qui est en charge de la diffusion des contenus de propagande du groupe, a incité ses soutiens à rejoindre l’application, affirmant même que les nouvelles publications y apparaîtraient « avant d’être publiées sur Telegram ». L’analyse des canaux de discussion réalisée par SITE montre que l’agence Amaq, l’organe officiel de la propagande de l’EI, a été la première à créer un compte sur la plate-forme, ce qui laisse entendre que le choix de cet outil a été dicté par les autorités centrales du groupe.