Nucléaire : incidents en marge d’une manifestation contre le projet Cigéo de Bure
Nucléaire : incidents en marge d’une manifestation contre le projet Cigéo de Bure
Des affrontements entre gendarmes et manifestants ont fait plusieurs blessés dans cette commune de la Meuse où pourraient être enfouis les déchets radioactifs français.
Des incidents ont éclaté mardi 15 août à Bure (Meuse) en marge d’une manifestation contre le projet Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaires. Des témoins disent que la gendarmerie a fait usage d’un canon à eau, de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogène contre une partie des 300 à 1 000 protestataires. La majorité des manifestants était « casquée, cagoulée, vêtue de noir et armée de pierres, bâtons, boucliers… », assure la préfecture de la Meuse, selon laquelle les opposants ont jeté des pierres sur des gendarmes « prépositionnés à titre préventif », puis un peu plus loin leur ont jeté des cocktails Molotov.
Les autorités locales ont précisé que deux gendarmes mobiles avaient été blessés par un « engin artisanal lancé par les opposants ». Quant aux manifestants, ils compteraient au moins trois blessés dans leurs rangs (l’un à la cheville, un autre au menton, un troisième aux côtes), selon le compte rendu de leurs appels aux pompiers transmis par la préfecture.
Réserves de l’Autorité de sûreté nucléaire
Le projet de centre industriel de stockage géologique (Cigéo), objet d’une guérilla juridique entre l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) et ses opposants, vise à enfouir à 500 mètres sous terre les déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue du parc français.
Les opposants ont marqué un point au début d’août, lorsque l’Autorité de sûreté nucléaire a émis des « réserves » face à ce projet, notamment des « incertitudes » concernant le comportement de déchets hautement inflammables en cas d’élévation de température. En juillet, l’Andra avait annoncé que la construction de Cigéo ne débuterait pas avant 2022. Son directeur général, Pierre-Marie Abadie, s’était inquiété de « la contestation sur le terrain » qui, selon lui, s’est renforcée depuis l’été 2016.
Le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, n’a pas pris position sur Cigéo depuis son entrée au gouvernement, se bornant à dire qu’il souhaitait « étudier davantage » ce projet. Mais les opposants ont récemment exhumé une photo, qui remonterait à octobre 2016, et sur laquelle on voit M. Hulot — qui n’était alors pas encore ministre — tenir une pancarte proclamant « Cigéo Bure, je dis non ! ».