TV : « Arletty, une passion coupable »
TV : « Arletty, une passion coupable »
Par Daniel Psenny
A voir aussi ce soir. Laetitia Casta incarne, avec justesse, l’actrice coupable de « collaboration horizontale » (sur France 2 à 20 h 55).
ARLETTY, UNE PASSION COUPABLE - Bande annonce
Avec sa gueule d’atmosphère, Arletty était une femme de passions. De son vrai nom Léonie Bathiat, l’enfant de la banlieue parisienne aux origines modestes avait réussi à devenir la plus populaire des actrices d’avant-guerre. Reconnaissable grâce à son accent nasillard des faubourgs, sa dégaine chaloupée, ses répliques cinglantes et son anticonformisme, elle avait défilé devant les plus grands metteurs en scène de cinéma et de music-hall. Le trio Marcel Carné, Jacques Prévert et Henri Jeanson l’avait rendue célèbre et populaire en 1938 avec Hôtel du Nord.
Cette carrière aurait pu être exemplaire si, pendant l’occupation nazie, elle n’avait pas été entachée par sa « collaboration horizontale » avec un jeune officier allemand, Hans Jürgen Soehring, dès mars 1941. « Ce jeune homme singulièrement beau et d’une parfaite indifférence devait bouleverser ma vie », confiera-t-elle à ses biographes. Féministe et indépendante, vivant au gré de ses envies dans une France coincée dans la morale pétainiste, elle revendiquait sa liberté de femme en ne cachant pas, dans le même temps, son amour pour Antoinette.
ARLETTY UNE PASSION COUPABLE - Extrait
Sa liaison avec Soehring lui vaudra, à la fin de la guerre, d’être condamnée et emprisonnée quelques semaines pour « trahison » et « collaboration avec l’ennemi ». Dans son téléfilm, Arnaud Sélignac retrace avec subtilité cet épisode de sa vie. Avec ses scénaristes Yves Riou et Philippe Pouchain, le réalisateur a eu la bonne idée de situer l’histoire pendant le tournage des Enfants du paradis, de Marcel Carné, où Arletty interprète le rôle de Garance.
Décors soignés, dialogues ciselés et mise en scène sans trop d’effets, cette fiction, inspirée de faits réels, repose sur l’interprétation de l’inattendue et étonnante Laetitia Casta dans le rôle d’Arletty. L’actrice enveloppe avec grâce et glamour la gouaille de son personnage. Et trouve le ton juste, en ne tombant pas dans l’imitation de son héroïne. Dans sa composition, Laetitia Casta prend, sans excès, les postures de l’actrice tout en restant crédible. Même son accent de titi parisien semble naturel et ne choque pas les oreilles. A ses côtés, Ken Duken (Soehring) et Marie-Josée Croze (Antoinette) sont impeccables.
Arletty, une passion coupable, d’Arnaud Sélignac. Avec Laetitia Casta, Marie-Josée Croze, Ken Duken (Fr., 2014, 90 min).