Vingt-deux morts en Inde après la condamnation d’un gourou pour viol
Vingt-deux morts en Inde après la condamnation d’un gourou pour viol
Le Monde.fr avec AFP
La condamnation pour viol du chef spirituel Gurmeet Ram Rahim Singh a déclenché la fureur de plus de 100 000 de ses soutiens rassemblés pour le verdict à Panchkula.
Les autorités indiennes ont déployé des centaines de soldats alors que plus de 100 000 personnes s’étaient réunies à Panchkula après qu’un tribunal spécial eut reconnu coupable le chef spirituel Gurmeet Ram Rahim Singh du viol de deux de ses adeptes. / MONEY SHARMA / AFP
La condamnation pour viol d’un gourou controversé a déclenché la fureur de plus de 100 000 de ses soutiens rassemblés pour le verdict rendu vendredi 25 août. Au moins 22 personnes ont été tuées lors de violents heurts dans le nord de l’Inde à la suite du verdict. Selon le commissaire adjoint de police Isham Singh, une centaine de personnes ont été blessées à Panchkula, une ville de plus d’un demi-million d’habitants dans l’Etat de Haryana.
Un tribunal spécial a reconnu coupable le chef spirituel Gurmeet Ram Rahim Singh du viol de deux de ses adeptes. Connu sous le surnom de « Gourou tape-à-l’œil », en raison de son penchant pour les vêtements criards et les bijoux, il a été placé en détention sous escorte policière. Sa peine sera connue le 28 août, d’après les médias locaux.
La nouvelle a déclenché une flambée de violence dans la ville de Panchkula, où les autorités ont déployé des centaines de soldats. Un couvre-feu a été imposé et les connexions Internet avaient été suspendues la veille par mesure de sécurité. Les policiers ont lancé des gaz lacrymogènes et utilisé des canons à eau face à une foule de manifestants lançant des pierres et qui s’en était prise notamment à deux camions de télévision, renversant l’un d’entre eux.
Les tensions se propagent
« La situation est tendue mais sous contrôle, a déclaré le commissaire adjoint M. Singh après ces affrontements. Les rassemblements ont été dispersés dans la plupart des endroits. Il avait été demandé à la foule devant le tribunal de quitter les lieux, mais elle est devenue violente, contraignant la police à intervenir. »
Les tensions se sont propagées dans le pays. « Deux gares ont été brûlées dans le Pendjab [Etat voisin du nord-ouest] et deux wagons ont été incendiés à la station Anand Vihar, à New Delhi », a détaillé Neeraj Sharma, un porte-parole pour la compagnie ferroviaire Indian Railways. Des centaines de trains qui circulaient entre l’Haryana et le Pendjab ont été annulés.
La condamnation pour viol d’un gourou controversé a déclenché la fureur de plus de 100 000 de ses soutiens rassemblés pour le verdict, vendredi 25 août, en Inde. / Altaf Qadri / AP
La veille du verdict, les autorités indiennes avaient renforcé la sécurité dans la région, déployant 15 000 hommes, en raison de l’afflux de milliers d’adeptes. Trois stades avaient également été mis à disposition pour détenir d’éventuels fauteurs de troubles.
Des précédents démêlés
Ce chef spirituel de 50 ans, à la tête de la secte Dera Sacha Sauda, est suivi par de nombreux fidèles dans l’Etat de Haryana (Nord), et il affirme avoir des millions d’adeptes de par le monde. En 2002, un courrier anonyme avait été envoyé à l’ancien premier ministre indien Atal Bihari Vajpayee, dans lequel une femme accusait le gourou de viols.
Il a fallu des années au Bureau central d’enquête (CBI, Central Bureau of Investigations) pour retrouver les victimes présumées. Ce n’est qu’en 2007 que deux femmes ont finalement déposé plainte.
Ce chef spirituel de 50 ans, à la tête de la secte Dera Sacha Sauda, affirme avoir des millions d’adeptes de par le monde. / Tsering Topgyal / AP
Ce n’est pas la première fois qu’il se retrouve au cœur d’une polémique. En 2015, il avait été accusé d’avoir encouragé 400 de ses disciples à se faire castrer pour se rapprocher de dieu. Il a par ailleurs été poursuivi dans le cadre du meurtre d’un journaliste en 2002.