TV : Les joueuses de rugby trouvent l’ouverture
TV : Les joueuses de rugby trouvent l’ouverture
Par Adrien Pécout
Notre choix du soir. La discipline, rarement médiatisée, a séduit un public plus large que prévu (sur France 4 et Eurosport 2 à 18 heures et 20 h 45).
Caroline Ladagnous face à Emily Scarratt durant la demi-finale à Belfast, le 22 août 2017. / PETER MORRISON/AP
Jouez, vous êtes filmées ! Les participantes à la Coupe du monde féminine de rugby s’habituent de plus en plus aux caméras, et la chose n’est pas pour leur déplaire. Samedi 26 août, France 4 et Eurosport 2 diffuseront en direct les deux derniers temps forts de cette épopée nord-irlandaise, à Belfast : le match Etats-Unis - France pour la troisième place (18 heures), puis la finale Nouvelle-Zélande - Angleterre (20 h 45).
A défaut d’un sacre sportif, les Françaises ont déjà obtenu un satisfecit médiatique : dans un communiqué, France Télévisions a salué un « record d’audience historique pour un match d’une compétition féminine de rugby ». Mardi 22 août, leur défaite en demi-finales face à l’Angleterre a rassemblé en moyenne 3 millions de téléspectateurs sur France 2, avec un pic à 3,5 millions. Soit 15,1 % de part d’audience, deuxième meilleur score de la soirée derrière le téléfilm Camping Paradis sur TF1.
Ces chiffres récompensent « un pari » éditorial, selon Laurent-Eric Le Lay, directeur du service des sports de « France Télé ». Pour la première fois, deux matchs des Bleues ont été diffusés le soir sur une chaîne historique, France 2. Cinq jours avant la défaite contre l’Angleterre, la victoire sur l’Irlande avait réuni 2,4 millions de téléspectateurs en moyenne, précédent record. Des chiffres bien supérieurs à ceux de France 4 lors des rencontres contre le Japon (674 000) et l’Australie (593 000).
Mission de « service public »
Arguant de sa mission de « service public », M. Le Lay estime que ces chaînes « ouvrent un peu la voie, favorisent la diversité des sports ». L’enjeu est d’importance pour le rugby, si longtemps associé aux seules représentations masculines. En 2014, la diffusion du Mondial féminin organisé à domicile avait déjà eu des conséquences positives : 19 000 joueuses sont licenciées aujourd’hui, contre 12 000 il y a trois ans.
L’intérêt croît à mesure que les chaînes jouent le jeu. Le premier passage télé des Françaises est récent : un match du Tournoi des six nations, déjà contre l’Angleterre, en mars 2012 sur France 4. Et il aura encore fallu attendre 2015 pour que soit diffusé sur Eurosport un match du Top 8, le championnat de France, dont la chaîne a diffusé neuf rencontres en 2016-2017.
Un statut amateur
Pour les chaînes, ces programmes présentent un avantage : leur coût encore très modique. D’après nos informations, France Télévisions et Eurosport avaient payé moins de 100 000 euros pour codiffuser l’édition 2014 du Mondial. Impossible de connaître le montant pour 2017, mais il demeure sans commune mesure avec les dizaines de millions dépensés pour le rugby masculin professionnel, laissent entendre les diffuseurs.
En attendant, les joueuses de l’équipe de France se contentent encore d’un statut amateur. Ou semi-professionnel, tout au plus. « On est quand même des personnes lambda, mon quotidien n’a pas changé avec ça, reconnaît Lise Arricastre, pilier du XV de France et secrétaire administrative. Si dans un magasin quelqu’un me reconnaît, je deviens toute rouge et je suis plus gênée que cette personne. »
Le record d’audience chez les hommes du XV de France date d’octobre 2007 : 18,3 millions de téléspectateurs pour leur demi-finale du Mondial coorganisé par la France. C’était aussi contre l’Angleterre, et ils avaient aussi perdu.