Allemagne : un infirmier soupçonné d’au moins 90 meurtres
Allemagne : un infirmier soupçonné d’au moins 90 meurtres
Le Monde.fr avec AFP
Niels Högel a déjà été condamné à la perpétuité en 2015 pour avoir tué deux patients en leur surdosant leurs injections de médicaments.
Niels Högel avait été condamné le 26 février 2015 à la perpétuité pour avoir tué deux patients. / Carmen Jaspersen / AP
Au moins 90 patients tués, peut-être même deux fois plus… la police allemande a dressé lundi 28 août le bilan de douze années d’enquête sur un infirmier, Niels Högel, déjà condamné pour avoir tué deux patients.
Après « 134 exhumations, et plusieurs centaines de témoignages, on peut prouver au moins 90 meurtres, et il y en a au moins autant qu’on ne peut pas prouver », a asséné devant la presse le chef de la commission d’enquête, Arne Schmidt.
En juin 2016 les enquêteurs avaient déjà établi la responsabilité du soignant dans la mort de 33 patients dans plusieurs établissements de soins où il travaillait entre 2000 et 2005. « Ce nombre est exceptionnel, unique, dans l’histoire de la République fédérale » d’Allemagne, a précisé M. Schmidt. « Ce que nous avons pu apprendre est effrayant, cela dépasse tout ce que l’on aurait pu imaginer », a renchéri Johann Kühme, chef de la police d’Oldenbourg.
Selon la police, Niels Högel tuait en général ses patients par surdoses médicamenteuses, souvent lorsqu’ils étaient en réanimation. Mais de l’aveu même des enquêteurs, la liste complète de ses victimes pourrait ne jamais être établie avec certitude.
« Combien de crimes pourront-ils encore être identifiés ? »
« Qui sait combien de crimes pourront encore être identifiés ? », a admis Thomas Sander, procureur à Oldenbourg. « Le suspect ne peut pas se souvenir de chaque cas. Mais, dans plus de 30 cas, le suspect se souvenait des patients concrètement et de son comportement », a ajouté la cheffe du parquet, Daniela Schiereck-Bohlemann.
L’affaire a éclaté en 2005, lorsque Niels Högel avait été surpris par une collègue en train de faire une piqûre non prescrite à un patient dans la clinique de Delmenhorst, ce qui lui a valu en 2008 sa première condamnation pour tentative de meurtre.
Alors qu’il purgeait déjà une peine de sept ans et demi de prison, Niels Högel avait confessé auprès d’un psychiatre une cinquantaine d’homicides, entraînant l’ouverture de nouvelles investigations en janvier 2014. A la fin de 2014, il avait alors évoqué devant un psychiatre une soixantaine de tentatives, poussant la justice à engager une vaste série d’analyses.
L’infirmier avait déjà été condamné en 2015 à la perpétuité pour deux meurtres et quatre tentatives s’étant soldées par la mort des patients. A ces six affaires les enquêteurs ont annoncé lundi avoir ajouté 84 nouveaux cas, portant donc à 90 le total des décès imputés à M. Högel, aujourd’hui âgé de 41 ans.
Pendant son procès à Oldenbourg, il avait présenté ses excuses aux proches des victimes. Les injections par piqûres qu’il pratiquait servaient à amener les patients au seuil de la mort, afin de démontrer sa capacité à les ramener à la vie, avait-il expliqué, invoquant comme autre mobile « l’ennui ».