Le chantier pharaonique de la Fondation de Chine à la Cité internationale
Le chantier pharaonique de la Fondation de Chine à la Cité internationale
Par Véronique Lorelle
Trois cents chambres, une architecture inspirée de la Chine ancienne, des jardins suspendus… Le futur bâtiment de brique, de bois et de béton de la Cité internationale universitaire de Paris devrait être inauguré en octobre 2019.
La chambre d’étudiant avec sa salle de bains à la Fondation de Chine. / Coldefy
Corée du Sud, Inde, Chine, Ile-de-France… : le développement de la Cité internationale universitaire de Paris est relancé. Dix nouvelles maisons – soit 1 800 nouveaux logements – sortiront de terre d’ici à 2020. Il ne s’agit plus guère « de rapprocher les peuples », mais on pense encore au bien-être des étudiants et, plus neuf, au développement durable. Parmi les projets les plus pharaoniques, la Fondation de Chine – et ses 300 chambres – doit permettre aux futures générations de « poursuivre leurs études dans un cadre propice à leur réussite universitaire » : une mission confiée, en juin, à l’atelier pékinois FCJZ en collaboration avec l’agence lilloise d’architecture Coldefy & Associés, dirigée par Thomas Coldefy et Isabel Van Haute.
« Il est très impressionnant de s’inscrire dans l’histoire de la Cité internationale universitaire, qui concentre quelques chefs-d’œuvre de l’architecture du XXe siècle, déclare Isabel Van Haute. J’y ai moi-même résidé pendant trois ans – c’était à la maison des Etats-Unis – et j’ai des souvenirs d’oasis verte, de grandes fêtes et de copains de tous horizons que j’ai gardés jusqu’à aujourd’hui ! »
Des coursives en bois ajouré
Pour relever le défi de cette gigantesque résidence étudiante, Coldefy s’est inspiré de vieilles bâtisses du sud-est de la Chine : le « tulou », une construction communautaire défensive typique de la région du Fujian, qui pouvait abriter jusqu’à plusieurs centaines de personnes. La Fondation est ainsi conçue comme une enceinte assez close, avec une grande cour en son cœur, et des logements desservis par des coursives en bois ajouré, dans les étages. Chaque chambre dispose, sur 15 mètres carrés, de sanitaires et d’une douche privés, séparés par une fenêtre translucide pour bénéficier de la lumière du jour. « Nous avons travaillé sur du mobilier escamotable, afin que l’étudiant puisse travailler seul, ou à plusieurs, mais aussi faire du sport… Ainsi le bureau est conçu comme un plateau qui coulisse du mur du fond jusqu’au-dessus du lit, pour s’adapter à différents scénarios », précise Isabel Van Haute.
Toiture verte, jardins suspendus, jardin paysager… La nature est intégrée au cœur du bâtiment en brique, bois et béton. De même, la lumière qui inonde les salles communes, comme la cuisine ou la salle de musique, grâce à une double hauteur de plafond. « Le volume, la lumière, la sensation que l’on peut avoir en passant d’un espace bas ou étroit à un autre très vaste participent à la qualité de vie et au bien-être des résidents », assure-t-on chez Coldefy. Qui n’en est pas à son coup d’essai. L’agence s’est déjà illustrée avec l’Institut du design de Hongkong, un bâtiment à l’architecture radicale en béton, verre et acier nommé au grand prix AFEX 2012 et exposé à la Biennale d’architecture de Venise.
Le public parisien pourra avoir accès à la Fondation de Chine, dont l’inauguration est prévue en octobre 2019. Cette résidence universitaire comprendra aussi, selon le vœu de la République populaire de Chine, un grand espace d’exposition pour la diffusion d’œuvres nationales.