Tempête Harvey : « Encore une fois, Trump a fait en sorte d’attirer l’attention sur lui »
Tempête Harvey : « Encore une fois, Trump a fait en sorte d’attirer l’attention sur lui »
Par Romain Geoffroy
Au lendemain de la visite du président des Etats-Unis dans un Texas sinistré par les inondations, une partie de la presse américaine regrette son manque de compassion.
Donald Trump brandit un drapeau du Texas, lors d’une visite dans une caserne de pompiers à Corpus Christi, mardi 29 août. / CARLOS BARRIA / REUTERS
« Epique », « historique », « une épreuve comme on n’en a jamais connue auparavant ». Donald Trump n’a pas manqué de superlatifs pour décrire la tempête Harvey. En visite mardi 29 août au Texas, Etat durement touché par les inondations, le président étas-unien n’a pourtant eu aucune parole sur le sort des victimes ou des personnes déplacées. Selon un dernier bilan des autorités, la tempête a déjà causé directement ou indirectement la mort d’une vingtaine de personnes. Les dégâts sont, quant à eux, estimés à plusieurs milliards de dollars.
« Encore une fois, Trump a fait en sorte d’attirer l’attention sur lui, regrette le Washington Post. Ses réponses aux dégâts causés par l’ouragan Harvey se sont davantage concentrées sur la puissance de la tempête et la réaction de son administration que sur les millions de Texans dont la vie a été bouleversée par les inondations. »
Casquette siglée « USA » vissée sur le crâne – « la même que celle vendue sur son site de campagne pour 40 dollars » dénonce le quotidien de la capitale –, M. Trump s’est rendu mardi dans une caserne de pompiers de Corpus Christi. Au cours d’une visite expresse, il y a salué la coordination de l’action d’urgence menée par son gouvernement et le grand Etat du Sud, face à la montée des eaux, qui a, selon lui, « pris une dimension épique ».
« Quelle foule ! Quelle affluence ! », a lancé le président devant des milliers de partisans, donnant l’impression de rejouer l’un de ses nombreux meetings politiques. « Nous vous aimons, nous sommes ici pour nous occuper de vous ! », a-t-il tout de même dit aux Texans présents.
« Il s’agit d’un voyage présidentiel dans un Etat inondé au cours duquel le président n’a pas rencontré la moindre victime de la tempête ni vu le moindre centimètre de pluie ou de rue inondée », critique Politico.
Donald Trump avait annoncé avant sa visite qu’il éviterait les zones les plus exposées pour ne pas perturber les opérations de secours. Mais, pour le site d’information politique, en organisant ce déplacement aussitôt après le début de la tempête, les conseillers du locataire de la Maison Blanche ont surtout voulu faire de cette crise « un moyen pour Trump de montrer de façon décisive ses qualités de dirigeant ».
« Ce que Trump a vu dans la tempête Harvey était un miroir de sa propre majesté. Une tempête digne d’un homme viril comme lui », renchérit Frank Bruni dans le New York Times. L’éditorialiste déplore une communication « puérile », faite de « superlatifs infantiles » et « obsédée par la taille ».
Ni retenue ni empathie
Avant de se rendre sur les lieux de la catastrophe, le président avait déjà largement commenté la crise sur Twitter, usant, comme à son habitude, de nombreux points d’exclamation, et même d’un « Wow ».
Wow - Now experts are calling #Harvey a once in 500 year flood! We have an all out effort going, and going well!
— realDonaldTrump (@Donald J. Trump)
« Wow - Maintenant les experts disent qu’Harvey est une tempête qui n’a lieu qu’une fois tous les 500 ans ! Les secours donnent tout, et ça se passe bien ! »
« Même les experts disent qu’ils n’ont jamais vu une tempête comme celle-ci ! », ajoutait-il dans un autre tweet dimanche, au plus fort des inondations. Loin de la retenue exigée face à ce genre de situation.
M. Trump a déjà annoncé qu’il pourrait revenir dans la région dès samedi et qu’il pensait également se rendre à cette occasion en Louisiane, l’Etat voisin vers lequel se dirigeait, mercredi, la tempête.
« Une règle informelle, mais essentielle, veut que le président joue un rôle de consolateur dans des moments de crise et de pertes, offrant le soutien et les encouragements de la Nation à ses concitoyens », commente David Axelrod, ancien conseiller de Barack Obama et aujourd’hui chroniqueur pour CNN. « Mais [Donald Trump] n’y arrive pas, il ne parvient pas à s’oublier afin d’être ce dirigeant empathique dont nous avons besoin. »