Une procédure de radiation de la police judiciaire engagée contre l’ex-chef des « stups » François Thierry
Une procédure de radiation de la police judiciaire engagée contre l’ex-chef des « stups » François Thierry
Par Jean-Baptiste Jacquin
L’ancien chef de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, mis en examen pour complicité de trafic de drogue, a été laissé libre sans contrôle judiciaire.
François Thierry, ancien chef de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, ici en 2012. / PATRICK KOVARIK, PATRICK KOVARIK / AFP
Une semaine après avoir été mis en examen pour complicité de trafic de drogue en bande organisée, François Thierry, l’ex-patron des « stups », risque d’être radié purement et simplement de la police judiciaire. La procureure générale de Paris, Catherine Champrenault, a engagé mercredi 30 août une « procédure disciplinaire de retrait d’habilitation d’officier de police judiciaire », a-t-on appris de source judiciaire.
Cette procédure, assez rarement mise en œuvre, relève du pouvoir exclusif des procureurs généraux auprès des cours d’appel.
L’ancien chef de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) a été mis en examen, jeudi 24 août, par les deux juges d’instruction parisiens en charge du dossier concernant la découverte de sept tonnes de résine de cannabis, le 17 octobre 2015, dans une camionnette garée à Paris.
Le commissaire Thierry est soupçonné d’avoir favorisé l’entrée de la drogue sur le territoire français pour améliorer ses saisies, sans informer totalement l’autorité judiciaire de ses relations étroites avec un indicateur fortement impliqué dans ces trafics.
Sérieux manquements déontologiques
Les deux juges d’instruction, Baudoin Thouvenot et Marc Sommerer, ont néanmoins laissé M. Thierry libre, et sans le moindre contrôle judiciaire. Le commissaire pouvait donc retourner sans difficulté occuper son poste à la sous-direction antiterroriste (SDAT) où il a été muté en 2016.
La procureure générale de Paris ne l’entend manifestement pas de cette oreille, la SDAT étant un service de la police judiciaire, placé sous l’autorité de la justice. Mme Champrenault aurait pu attendre la fin de la procédure judiciaire pour engager une procédure disciplinaire, puisque même si les infractions pénales pour lesquelles l’ex-super-flic des « stups » a été mis en examen sont graves, il bénéficie de la présomption d’innocence.
Mais le dossier judiciaire de M. Thierry comporte d’autres éléments qui révéleraient de très sérieux manquements déontologiques, en particulier un manque de loyauté à l’égard de l’autorité judiciaire et un manque de professionnalisme. Des griefs d’une particulière gravité qui lui ont été notifiés par écrit ce mercredi.
L’officier de police judiciaire devrait être reçu, dans cette procédure contradictoire, par la procureure générale dans la seconde quinzaine de septembre. Elle prendra ensuite seule sa décision. Si Mme Champrenault retirait son habilitation à M. Thierry, il ne pourrait plus rester à la SDAT. Mais une telle sanction peut faire l’objet d’un recours devant la Cour de cassation.