Jawad Bendaoud, le « logeur » des djihadistes du 13 novembre, renvoyé en correctionnelle
Jawad Bendaoud, le « logeur » des djihadistes du 13 novembre, renvoyé en correctionnelle
Le Monde.fr avec AFP
Les juges estiment qu’il savait qu’il hébergeait certains auteurs des attentats parisiens, mais qu’il n’avait pas connaissance de leurs projets criminels.
Jawad Bendaoud parle sur BFMTV le 25 novembre au moment de l’assaut de son appartement loué par Abdelhamid Abaaoud. / - / AFP
Jawad Bendaoud, surnommé le « logeur » des djihadistes du 13 novembre 2015, sera finalement jugé pour « recel de malfaiteurs terroristes ». Le jeune homme de 30 ans, que l’on présente dans sa ville d’origine de Saint-Denis comme un « petit caïd », « homme de main de marchands de sommeil » ou encore « gros fumeur de shit », a été renvoyé devant le tribunal correctionnel, a-t-on appris de source judiciaire, vendredi 8 septembre.
Les juges estiment que Jawad Bendaoud savait qu’il hébergeait des auteurs des attentats mais qu’il n’avait pas connaissance de leurs projets criminels. Dans leur ordonnance signée mercredi, les magistrats instructeurs ont suivi les réquisitions du parquet de Paris et ont ordonné que Jawad Bendaoud soit jugé pour « recel de malfaiteurs terroristes ». Le délit est passible d’une peine de six ans de prison puisqu’il se trouve en état de récidive.
Jawad Bendaoud avait fourni l’appartement de Saint-Denis où Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attaques qui firent 130 morts et 354 blessés, et un autre auteur des tueries s’étaient repliés. Il avait été rendu célèbre par une vidéo où il clamait maladroitement son innocence, avant d’être interpellé en direct dans la rue, le 18 novembre 2015, au moment de l’assaut policier contre le logement.
Des charges qui s’effondrent
Il fut mis en examen six jours plus tard — notamment pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle en vue de commettre une action violente », un chef passible de la cour d’assises spéciale — et incarcéré à l’isolement à la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis).
« Au vu des éléments du dossier, il ne pouvait pas ignorer que les deux fugitifs étaient liés aux attentats du 13 novembre », avait estimé le parquet antiterroriste dans ses réquisitions. En revanche, pour le ministère public, les investigations n’avaient « pas permis d’établir qu’il avait connaissance de leur projet de passer à nouveau à l’acte ». Abaaoud et son complice avaient prévu de se faire exploser, le 18 ou le 19 novembre, dans le quartier de la Défense, près de Paris, avait dit à l’époque le procureur de la République de Paris, François Molins.
Depuis son arrestation, Jawad Bendaoud, délinquant multirécidiviste, n’a cessé de clamer son innocence aux juges d’instruction chargés de l’enquête sur les attentats les plus meurtriers jamais commis en France. Au fil de l’enquête, certaines charges, laissant penser qu’il aurait pu avoir connaissance en amont des attentats du 13 novembre, étaient tombées : un appel téléphonique qu’il avait reçu de Belgique dix jours avant les tueries s’était notamment révélé sans rapport avec l’enquête.
Un proche de Jawad Bendaoud, Mohamed Soumah, et un frère d’Hasna Aïtboulahcen, la cousine d’Abaaoud qui avait trouvé le logement de Saint-Denis, morte à ses côtés dans l’assaut des forces de l’ordre, échappent aussi aux assises. Les juges d’instruction ont renvoyé Mohamed Soumah devant le tribunal pour « recel de malfaiteurs terroristes » et Youssef Aïtboulahcen pour « non-dénonciation de crime terroriste ».