Nigel Farage et Beatrix von Storch, le 8 septembre à Berlin. / HANNIBAL HANSCHKE / REUTERS

Le 23 juin 2016, Beatrix von Storch avait « pleuré de joie » en apprenant le résultat du référendum sur le Brexit. Treize mois plus tard, la vice-présidente du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) était donc très fière d’avoir à ses côtés Nigel Farage, l’ancien chef du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), venu soutenir sa candidature au Bundestag. « Nous avons un invité qui a écrit l’histoire et nous a appris que l’impossible était possible », s’est enflammée Mme von Storch, vendredi 8 septembre, en accueillant celui qu’elle surnomme « Mr Brexit » dans la caserne de la citadelle de Spandau, dans l’ouest de Berlin, où elle avait convié la presse et ses sympathisants à quinze jours des législatives allemandes.

Les deux responsables se connaissent bien. Au Parlement européen, ils se côtoient au groupe de l’Europe de la liberté et de la démocratie directe, où siègent également les élus italiens du Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo. Le discours de M. Farage n’était pourtant pas forcément celui qui servait le plus les intérêts immédiats de Mme von Storch.

Crispation

De l’Allemagne, l’eurodéputé britannique attend en effet une chose : que « ce pays qui a la voix la plus forte » pèse de tout son poids pour que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ne remette pas en cause les principes de libre-échange entre Londres et ses partenaires. Compte tenu des intérêts mutuels de l’Allemagne et du Royaume-Uni, « si l’UE nous refuse un bon deal commercial, elle le refuse aussi aux constructeurs automobiles de Bavière », a-t-il expliqué. Jusque-là, Mme von Storch ne pouvait qu’approuver.

Mais pour négocier cet accord, qui M. Farage préfère-t-il voir à la tête de l’Allemagne ? Martin Schulz, le candidat du Parti social-démocrate, ou Angela Merkel, son adversaire conservatrice ? Certainement pas le premier. « C’est un européen fanatique, il défendra d’abord les intérêts de Bruxelles, en cela il est dangereux », dit-il. La seconde, en revanche, lui inspire moins de frayeur. Certes, « elle a commis de sacrées grosses erreurs historiques », mais elle « saura mieux écouter la voix des industriels et des travailleurs allemands », pense-t-il.

Mme von Storch a préféré ne pas relever. Et à son air un peu crispé, on se disait qu’elle n’avait peut-être pas prévu que Mme Merkel soit l’objet de propos si indulgents lors d’une réunion de l’AfD, un parti crédité d’environ 10 % des voix dont les sondages et dont les sympathisants viennent chahuter presque tous les meetings de la chancelière, au cri de « Merkel, dégage ! »