Des habitants de Miami Beach marchent sous la pluie, le 9 septembre. / JOE RAEDLE / AFP

Philip Levine est celui qui a eu l’expression la plus frappante, prédisant un « ouragan nucléaire ». Pourtant, samedi 9 septembre dans la matinée, le maire de Miami Beach, l’île ultrachic qui fait face l’océan, était plutôt rassuré. Sa cité ne va pas prendre de plein front le cyclone, explique-t-il dans sa ville désertée. En effet, Irma devrait frapper la Floride en remontant par la côte ouest, via le golfe du Mexique, et pas du côté de l’Atlantique. Léger soulagement à l’ouest donc, comme l’atteste aussi la remarque de la maire de Key Biscayne, île juste au sud de Miami, Mayra Peña Lindsay interrogée par MSNBC : « Nous n’allons pas avoir le pire du pire. »

L’inquiétude en revanche est montée d’un cran sur la côte ouest de l’état. L’ouragan devrait la dévaster en remontant plein nord, poussant la mer dans les terres et les villes. Le danger majeur réside dans la montée des eaux, qui pourrait atteindre 5 mètres et est amplifiée par la très faible profondeur des fonds marins. Le gouverneur républicain de Floride Rick Scott a prévenu les habitants : « La montée des eaux intervient après le vent. Ne pensez pas que l’ouragan est fini quand le vent tombe. »

Tampa inquiète

L’inquiétude est particulièrement grande dans la baie de Tampa, cul-de-sac pour les eaux venues du sud et qui pourraient submerger l’agglomération. La population y dépasse les 3 millions d’habitants, un hôpital est particulièrement vulnérable tout comme de nombreuses maisons de retraite. Dans ce contexte, au sud ouest de la péninsule, les populations fuient vers les 320 abris, bâtiments publics, stades et centres de congrès, que les autorités ouvrent au fur et à mesure.

L’affaire provoque un début de confusion, une partie des habitants de la côte est ayant fui à l’ouest, qui sera finalement le plus touchée – sauf nouveau caprice de la météo. De nouveaux ordres d’évacuation ont été donnés, qui concernent désormais 6 millions de personnes environ. Ces ordres sont obligatoires mais pas imposés à ceux qui refusent de s’y plier. « La loi ne peut pas vous sauver », a prévenu M. Scott.

Changement de trajectoire

Ce changement a eu lieu vendredi soir, lorsque l’ouragan Irma a touché Cuba, au lieu de foncer droit sur la Floride. Ce survol imprévu lui a valu de perdre de la force et d’être rétrogradé en catégorie 3 alors qu’il devait monter en catégorie 5. Surtout, ce survol a dévié vers l’ouest l’ouragan et lui a fait prendre du retard. Irma, qui pourrait se « recharger » sur les eaux très chaudes du sud de la Floride et remonter en catégorie 4, n’arrivera pas samedi tard dans la soirée sur les Key, ces îlots du sud de la Floride. Il faudra attendre dimanche, à 2 heures du matin, tandis que le continent ne sera touché qu’à 14 heures, près de Fort Myers, 250 kilomètres au nord ouest de Miami, avec des vents attendus à plus de 200 kilomètres heures. Irma devait ensuite se diriger dans la nuit de dimanche à lundi ensuite vers Tampa. Le gouverneur Scott a étendu l’État d’urgence à lundi.