Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une nouvelle série de sanctions à New York contre la Corée du Nord. / Jason DeCrow / AP

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi 11 septembre à l’unanimité et à l’initiative des Etats-Unis, une nouvelle batterie de sanctions contre la Corée du Nord, interdisant ses exportations de textile et réduisant son approvisionnement en pétrole et gaz.

Cette huitième série de mesures, soutenue par la Chine et la Russie, les plus proches soutiens de la Corée du Nord, vise à punir ce pays pour son essai nucléaire du 3 septembre. Par ses sanctions, chaque fois plus sévères, l’ONU veut pousser Pyongyang à négocier ses programmes d’armement nucléaire et conventionnel, jugés menaçants pour la stabilité mondiale.

Pour les Etats-Unis, le Royaume uni, la France ou l’Italie, la résolution adoptée lundi est « très solide », « équilibrée » et permet à l’ONU d’affirmer « unité » et « détermination ».

Un texte revu à la baisse

Le premier projet de texte américain, rendu public mercredi, était « maximal » sur « absolument tout », selon les termes d’un diplomate. Il prévoyait un embargo total sur le pétrole, les produits pétroliers et le gaz, le renvoi en Corée du Nord de ses expatriés (environ 93.000 selon Washington), le gel des avoirs de Kim Jong-Un, l’interdiction d’importer du textile nord-coréen et des inspections par la force de navires en haute mer suspectés de violer les résolutions de l’ONU.

Pour s’assurer du soutien de la Russie et de la Chine lors du vote, Washington a dû cependant revoir à la baisse ses prétentions et renforcer les paragraphes liés à la recherche d’une solution « pacifique » à la crise.

Après plusieurs jours de négociations intensives, l’embargo sur le gaz naturel a été gardé mais pour le pétrole, les ventes seront limitées à 500.000 barils pendant trois mois à partir du 1er octobre pour passer à 2 millions de barils à partir du 1er janvier pour une période de 12 mois.

« C’est un pied dans la porte »

Cela représente une réduction de 10% des produits pétroliers, selon le département américain de l’Energie, qui estime à 2,2 millions de barils les importations nord-coréennes. Pyongyang importe essentiellement de l’essence et du diesel de Chine, selon les Etats-Unis.

« C’est un pied dans la porte », a fait valoir un diplomate sous couvert d’anonymat, pour qui, même avec des concessions, le texte adopté reste très fort.

Lors des discussions, le gel des avoirs du dirigeant nord-coréen, dont Moscou ne voulait pas, a été retiré du texte. Les Etats-Unis ayant assuré ne pas vouloir de changement de régime, il est difficile de viser directement Kim Jong-Un, a plaidé Moscou, selon une source diplomatique.

L’interdiction concernant le textile n’a pas posé de problème.

Concession aux russes sur les expatriés coréens

Les mesures concernant les expatriés nord-coréens et les inspections de navires suspects sont moins strictes que dans le texte initial, surtout à la demande de Moscou, selon des diplomates. La Russie ferait travailler quelque 35.000 expatriés nord-coréens.

Lors de la dernière résolution de sanctions, adoptée le 5 août, le nombre de travailleurs expatriés nord-coréens avait été plafonné. La nouvelle résolution prévoit une information sur l’échéance des contrats de travail de ces expatriés.

La nouvelle résolution ajoute Pak Yong Sik, un des responsables du programme de missiles, sur une liste noire en même temps que trois agences nord-coréennes, dont celle responsable de la propagande du régime.

Précédant l’adoption du texte, la Corée du Nord avait exprimé haut et fort son opposition aux nouvelles mesures. Elle a averti les Etats-Unis qu’elle leur infligerait « la plus grande des souffrances et des douleurs » s’ils persistaient à vouloir que l’ONU durcisse les sanctions à son encontre. La Corée du Nord « fera en sorte d’être absolument sûre que les Etats-Unis en payeront le prix », a précisé Pyongyang.