Etudes supérieures : la France se distingue-t-elle des autres pays développés ?
Etudes supérieures : la France se distingue-t-elle des autres pays développés ?
Par Adrien de Tricornot
Sélection, « rentabilité » des diplômes, insertion professionnelle… L’OCDE dresse l’état des lieux comparé de la France et de l’ensemble des pays développés et émergents.
L’Université Paris-I (centre Pierre-Mendès-France, Tolbiac). / CAMILLE STROMBONI/CC BY-ND 2.0
La hausse des effectifs de l’enseignement supérieur, et la question de l’orientation des futurs étudiants, qui font beaucoup débat en France, concernent l’ensemble des pays développés et émergents, souligne la dernière édition du rapport annuel « Regards sur l’éducation », publiée mardi 12 septembre par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
- Plus de diplômes pour un salaire plus élevé
En effet, les effectifs diplômés augmentent partout : 43 % des jeunes de 25 à 34 ans étaient titulaires d’un diplôme d’enseignement supérieur dans les pays membres en 2016, au lieu de 26 % en 2000. Dans cette course, la France (44 % de diplômés) n’a pas fait exception. Et ce mouvement s’explique par la rentabilité de l’investissement dans les études, selon l’OCDE. Les diplômés du supérieur en effet ont un taux d’emploi de dix points supérieur à celui des élèves ayant seulement terminé leurs études secondaires, et ils gagnent en moyenne 56 % de plus.
En France, l’OCDE souligne que cet avantage salarial est particulièrement marqué pour les plus diplômés : les titulaires d’un master, d’un doctorat ou d’un diplôme équivalent gagnent 105 % de plus qu’un salarié niveau bac, alors que cette prime est de 98 % en moyenne pour les pays de l’OCDE, et de seulement 77 % pour les 22 pays les plus développés de l’Union européenne (UE22).
De même, la dépense moyenne par étudiant dans l’enseignement supérieur est en France, en ligne avec celle des autres pays membres : l’organisme la chiffre à « 16 400 dollars [américains] en France, contre 16 100 dollars pour la moyenne des pays de l’OCDE », une comparaison cependant à prendre avec précaution en raison des effets changeant des taux de change. De plus, elle ne reflète pas les écarts importants de dépenses entre les filières.
- Des débouchés qui varient fortement selon les domaines
En dépit de la ruée vers les études supérieures, le rapport souligne que « les universités ne proposent pas toujours les domaines d’études qui offrent les meilleurs débouchés professionnels, et que les individus ne choisissent pas toujours les filières les plus prometteuses ». Il évoque, dans les pays développés, un manque de diplômés en science, technologie, ingénierie et mathématiques (« STIM ») face aux besoins de personnels qualifiés, et les efforts de nombreux pays pour attirer vers ces filières qui en manquent.
Avec un diplômé sur quatre en STIM, la France se situe dans la moyenne, même si elle compte une part de diplômés des technologies de l’information et de la communication (TIC) « légèrement inférieure ». Elle est donc concernée par la recommandation de l’OCDE de développer l’’orientation vers les filières STIM. Le taux d’emploi des diplômés de ces cursus aujourd’hui âgés de 25 à 34 ans, atteint en effet 89 % en France, à comparer aux 77 % pour les diplômés de lettres et arts, de sciences sociales, et de journalisme et d’information.
- Accès aux études supérieures : un large choix pour les Français
Alors que la France prévoit la refonte de son système d’Admission post-bac, et a ouvert une concertation sur l’instauration de « prérequis » à l’entrée à l’université, l’OCDE fait des comparaisons sur l’accès aux études supérieures. Elle note qu’« avec 24 choix possibles dans APB, la France donne un large choix à ses étudiants ; ces possibilités sont limitées à 3 au Canada, aux Pays-Bas et en Slovénie et sont sans limite en Grèce ou en Italie ». Par ailleurs, ajoute l’organisation internationale basée à Paris, « moins de 10 % des étudiants français doivent passer un examen d’entrée dans l’enseignement supérieur contre plus de 75 % au Chili, en Corée, en Estonie et au Japon ».
- Commerce, administration, droit… Des formations très demandées
L’OCDE relève aussi plusieurs particularismes propres au parcours d’études en France : des informations qui peuvent alimenter la réflexion en cours sur l’orientation des jeunes. Elle relève ainsi que 34 % des diplômés âgés de 25 à 34 ans ont suivi des formations supérieures liées au commerce, à l’administration et au droit, soit dix points de plus que la moyenne des pays membres. D’autre part, ajoute-t-elle, « la France se distingue par sa part importante de titulaires d’un diplôme de cycle court (15 % des 25-34 ans, soit le double de la moyenne OCDE) et celle plus faible des titulaires d’une licence (12 %, contre 22 % pour la moyenne OCDE) ».
- Une filière professionnelle peu suivie
Enfin, la filière professionnelle concerne seulement 23 % des jeunes de 15 à 19 ans en France, une proportion de six points inférieure à celle de l’UE22. Autre particularité, cette filière n’est suivie en alternance, dans l’Hexagone, que dans un cas sur quatre, alors que cette proportion dépasse 85 % en Allemagne. Avec des effets importants sur le taux d’emploi des 25-34 ans ayant suivi ces filières : celui-ci est de 74 % en France, contre 86 % en Allemagne.