« L’année ou jamais » de remporter la Coupe Davis pour les Bleus, qualifiés en finale
« L’année ou jamais » de remporter la Coupe Davis pour les Bleus, qualifiés en finale
Par Clément Martel (Villeneuve-d'Ascq, envoyé spécial)
Après sa victoire face à la Serbie dimanche (3-1), l’équipe de France de tennis du capitaine Yannick Noah a l’occasion de remporter à domicile le trophée qui la fuit depuis 2001.
La joie des Français (Mahut, Herbert, Pouille, Tsonga et le capitaine Noah) après leur qualification en finale de Coupe Davis. / PHILIPPE HUGUEN / AFP
« Des opportunités comme celle-là, on n’en a pas tous les ans, il faut en profiter. » La qualification pour la finale de la Coupe Davis en poche, acquise dimanche 17 septembre après la victoire de Jo-Wilfried Tsonga sur Dusan Lajovic (2-6, 6-2, 7-6, 6-2), Yannick Noah a souligné l’importance du rendez-vous, où ses joueurs affronteront la Belgique fin novembre. Pour les Bleus, mal entrés en matière dans la demi-finale face à la Serbie avec la défaite inaugurale de Lucas Pouille, et mis sous pression par l’apparent écart de niveau entre les deux pays (la Serbie se présentait privée sans ses trois meilleurs joueurs, dont Novak Djokovic), l’occasion est belle d’enfin accrocher à leur palmarès le trophée qui les fuit depuis 2001.
« C’est une occasion de plus d’aller essayer de chercher ce trophée qu’on attend », a martelé après le match Tsonga, qui a repris ce week-end le leadership de l’équipe de France en remportant ses deux rencontres. Absent des rendez-vous en bleu depuis quatorze mois et parfois en froid avec Yannick Noah, le numéro un français a remis son équipe sur les rails vendredi, et confirmé dimanche leur objectif commun : « on ne se contente pas de l’attendre, on essaie d’aller le chercher chaque année, et on va avoir l’opportunité d’essayer de soulever ce saladier. »
Pour la génération dite des « mousquetaires » (Monfils, Gasquet, Simon et Tsonga), qui porte le tennis français depuis une décennie mais n’a jamais rien gagné collectivement, « c’est l’année ou jamais », admet Yannick Noah. Deux fois finaliste malheureuse de la compétition, la France affrontera cette année « une équipe jouable », là où les défaites de 2010 et 2014 avaient eu lieu contre les intouchables Serbie de Djokovic et Suisse de Federer et Wawrinka. Et d’autres échecs ont suivi, des désillusions rappelées par le pilier du double français, Nicolas Mahut, évoquant son souvenir du « vestiaire de Zadar il y a un an ». Les Bleus avaient perdu en demi-finale face à la Croatie, et « s’[étaient] promis de se retrouver là un an après, de se qualifier pour la finale. »
L’avenir de la compétition indécis
Revenu aux affaires en septembre 2015 à la demande des joueurs – Tsonga en tête – après « une parenthèse de vingt ans » loin du tennis, Yannick Noah avait fixé à ses hommes un objectif, « jouer et tenter de gagner une finale ». Lui qui en a remporté deux sur le banc des Bleus (1991 et 1996) souligne ce qu’exige hors court un tel but commun : « organiser ses plannings, se préparer pour les matchs, se rendre disponible pour l’équipe ». En creux, on y décèle une critique des comportements passés de certains joueurs, incapables d’aligner leur calendrier sur celui de l’équipe de France.
Samedi, après la victoire du duo Mahut-Herbert en double, le capitaine français, visiblement éprouvé par les deux premiers jours, s’était épanché face aux médias : « On a tellement envie d’y arriver. Si ça doit se passer, c’est cette année ». Et de s’interroger sur l’avenir de la compétition, désertée par nombre des meilleurs joueurs cette saison – et pas uniquement pour cause de blessures –, et de plus en plus remise en question. « On ne sait pas quel tableau on aura l’année prochaine », a ajouté Yannick Noah dimanche, reconnaissant que la France a bénéficié d’un tirage favorable tout au long de l’épreuve.
« Ecrire notre histoire »
Depuis la victoire samedi du double australien face à la Belgique, Yannick Noah et ses joueurs se préparaient à une finale disputée aux antipodes, sur le sol choisi par les Australiens. Mais c’était sans compter la rébellion des Belges, menée par David Goffin. A la suite de leur leader, vainqueur de Kyrgios en quatre sets, les joueurs belges ont inversé la tendance et acquis en cinq matchs leur ticket pour une seconde finale de Coupe Davis en trois ans (défaite en 2015 face à la Grande-Bretagne). Une finale – les 24, 25 et 26 novembre – où la France sera à domicile, sur la surface de son choix, « un rêve pour n’importe quel joueur de tennis », a souligné l’expérimenté Nicolas Mahut, faisant fi de la pression.
Reste à savoir où jouer. Si Yannick Noah a imaginé dimanche un retour dans le stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq, à la capacité agrandie pour l’occasion, rêvant de « 20 000 Belges et 20 000 Français » (ce qui serait un nouveau record pour un match de tennis) avec un sacre bleu pour couronner le tout ; cette option ne semble guère envisageable, le test-match de rugby France-Japon se déroulant dans l’enceinte lilloise le samedi où est prévue la finale. Parmi les autres options envisagées par la Fédération française de tennis – chose ardue car la plupart des salles à la capacité suffisante sont bookées plus d’un an à l’avance – la nouvelle salle de Nanterre, la U Arena, construite par le président du Racing Métro 92 et qui devrait être inaugurée fin octobre par les concerts des Rolling Stones, tient la corde.
Auteurs d’une saison en dent de scie et sans aucun joueur dans le top 15 mondial, une première depuis dix ans, les Français ont la possibilité « d’écrire [leur] histoire » en remportant une dixième Coupe Davis tricolore (en 18 finales). Plus de vingt ans après son dernier titre, leur capitaine aspire à « revivre avec eux les émotions qu’[il] a pu vivre ».