Après sa démission, Carla Del Ponte demande un tribunal international pour la Syrie
Après sa démission, Carla Del Ponte demande un tribunal international pour la Syrie
Le Monde.fr avec AFP
L’ex-magistrate a annoncé en août sa démission de la commission d’enquête sur le conflit, qui a fait plus de 330 000 morts en six ans.
Carla Del Ponte, démissionnaire de son poste de membre de la commission d’enquête sur la Syrie, a appelé lundi 18 septembre à la création d’un tribunal international, à l’occasion de sa dernière apparition devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève.
« Sept ans de crimes en Syrie et une totale impunité. Ce n’est pas acceptable », a déclaré l’ex-magistrate, connue pour son franc-parler et sa soif de justice. « Nous aurions pu obtenir de la communauté internationale et du Conseil de sécurité [de l’ONU] la mise en place d’un tribunal (…) pour tous les crimes commis en Syrie », a-t-elle ajouté, avant de lancer : « Pourquoi n’est-il pas possible d’avoir un tribunal ? »
La commission d’enquête sur la Syrie a demandé à de maintes reprises que le Conseil de sécurité saisisse la Cour pénale internationale dans le dossier syrien. Une tentative en ce sens en mai 2014 du Conseil de sécurité s’était heurtée à une opposition de la Chine et de la Russie, principal soutien de Damas.
« On a besoin d’un tribunal, il faut vous tous que vous nous aidiez à l’obtenir et à l’avoir et je serai heureuse de voir aussi justice rendue pour les crimes commis en Syrie. »
Une magistrate réputée
Carla Del Ponte a annoncé en août sa démission de la commission d’enquête sur le conflit, qui a fait plus de 330 000 morts en six ans, estimant n’avoir « jamais rien obtenu » et dénonçant l’inaction du Conseil de sécurité. Elle participait à cette commission depuis 2012.
« Au début, il y avait le bien et le mal. L’opposition du côté du bien et le gouvernement dans le rôle du mal » mais désormais « tous en Syrie sont du côté du mal », avait-elle dit aux médias suisses au moment de l’annonce de sa démission.
La commission elle-même, présidée par le Brésilien Paulo Pinheiro, a déjà rendu 14 rapports mais n’a jamais été autorisée par Damas à se rendre en Syrie.
Agée de 70 ans et de nationalité suisse, Carla Del Ponte a été procureure du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de 1999 à 2007 et a réussi à obtenir qu’un ancien chef d’Etat, le Serbe Slobodan Milosevic, réponde de crimes de guerre devant la justice internationale. Elle a aussi acquis une solide réputation pour sa chasse aux criminels de guerre au Rwanda.