Le chef de la police, Ronald Dela Rosa, le 23 août 2016 dans le sud de Manille, aux Philippines. | Bullit Marquez / AP

Il avait promis d’éradiquer le trafic de drogue... quitte à employer la manière forte. Aux Philippines, selon la police, plus de 1 900 personnes ont été tuées dans le cadre de la campagne antidrogue lancée depuis l’élection en mai du nouveau président, Rodrigo Duterte. Soit une moyenne de 36 morts par jour. Surnommé « le punisseur », Rodrigo Duterte a justement été élu sur sa promesse de mettre fin à ce trafic.

Le chef de la police, Ronald dela Rosa, a assuré devant une commission sénatoriale que la police n’avait pas reçu pour instruction d’éliminer les trafiquants et consommateurs de drogue. Il a précisé que 750 d’entre eux avaient été tués au cours d’opérations policières et qu’une enquête avait été ouverte sur la mort d’environ 1 100 autres, soit en tout près d’une centaine de décès supplémentaires par rapport aux chiffres qu’il avait avancés la veille devant la même commission sénatoriale.

Le président menace ses détracteurs

« Nous ne sommes pas des bouchers », a déclaré le chef de la police, qui a expliqué cette hausse par une mise à jour des données de la police. « Cela fait froid dans le dos, a commenté le sénateur Frank Drilon après la déposition de Ronald dela Rosa. Nous sommes tous inquiets devant le nombre de morts. Quelle que soit la façon dont on tourne cela, c’est préoccupant. »

L’enquête sénatoriale sur les méthodes de la police est dirigée par une des plus virulentes contemptrices du chef de l’Etat, la sénatrice Leila de Lima, qui a demandé aux chefs de la police et aux responsables de la lutte antidrogue de venir s’expliquer sur la hausse « sans précédent » du nombre de victimes.

L’ONU et les Etats-Unis, principaux alliés des Philippines, ont aussi dénoncé les exécutions extrajudiciaires et appelé Manille à respecter les droits de l’homme.

Brandissant une menace à peine voilée, Rodrigo Duterte a de son côté mis en garde les sénateurs qui critiquent ses méthodes sur le fait qu’ils pourraient « être tués » s’ils décidaient d’entraver sa campagne antidrogue.

Des dizaines de partisans du président étaient rassemblés mardi devant le Sénat pour soutenir le chef de la police. Ronald dela Rosa a déclaré pendant sa déposition que 700 000 consommateurs de drogue s’étaient livrés aux autorités pour échapper à la campagne de répression, et que 300 policiers étaient soupçonnés d’être liés au trafic. Il a ajouté que ces policiers seraient limogés et traduits en justice si les soupçons étaient avérés.