Le Mambo FPV de Parrot. / Parrot

Un an, c’est long. Surtout dans l’univers du drone de loisir où les nouveautés se bousculent et où la course permanente à l’innovation, en termes de technologie mais aussi de marketing, est la règle. Il a fallu tout ce temps à Parrot pour enfin renouveler sa gamme en lançant jeudi 14 et lundi 18 septembre deux évolutions de produits. Le Mambo FPV, un mini-drone grand public et le Bebop 2 Power, qui intègre de l’intelligence artificielle pour la réalisation de prises de vue. Il est vrai que, depuis le lancement en fanfare du disco, une aile volante grand public, présentée en août 2016, le leader européen du drone de loisirs a traversé un terrible trou d’air. Victime de la guerre des prix qui a saisi le marché et l’offensive sans précédent du leader mondial DJI, l’entreprise fondée par Henri Seydoux s’est retrouvée prise dans une spirale descendante. Il lui a fallu se séparer de près de 20 % de ses salariés, renoncer à des lancements de nouveautés parfois préparées depuis plus de deux ans et engager à marche forcée une diversification centrée sur les applications professionnelles du drone.

Les Cockpitglasses de Parrot. / Parrot

Le Mambo FPV introduit une version inédite du Mambo (un mini-drone qui s’est vendu à près d’un million d’unités) qui se propose de surfer sur les usages émergents du drone de loisirs que sont le pilotage « à la première personne » (FPV signifie First Person View) et les très spectaculaires courses de quadricoptère. Ce petit appareil ultraléger (63 grammes, ce qui ne l’expose pas, a priori, à une future déclaration auprès de la DGAC), et hypermaniable devient ici plus qu’un simple jouet. Quand il est utilisé avec la télécommande (on peut aussi l’utiliser à partir de son smartphone), la portée atteint alors 100 mètres, mais c’est surtout à un usage en intérieur ou dans un espace ouvert, avec des conditions favorables (pas ou peu de vent, notamment), qu’il se destine. La prise en main est facile – c’est une règle de base du cahier des charges des mini-drones Parrot – et trois niveaux de pilotage sont programmables. Le drone, dont l’autonomie en vol se situe entre sept et dix minutes, dispose d’un accéléromètre, de gyroscopes et de capteurs de pression à ultrasons.

Le « pack » Mambo FPV. / Parrot Brand Studio

Le Mambo FPV peut être utilisé avec les accessoires déjà connus (un petit canon qui lance des microbilles, une pince pour se saisir de tout petits objets) mais aussi avec une caméra, amovible. Celle-ci filme en qualité HD (720p) avec un angle de 120 degrés. Ce qui permet de réaliser des vidéos « familiales » de qualité correcte et de se forger une première expérience avec le maniement d’un drone de loisir. La présence de cette caméra permet aussi de greffer au Mambo FPV des lunettes pour évoluer « en immersion ». Amovibles, les Cockpitglasses de Parrot consistent en une sorte d’étui que l’on installe devant ses yeux et dans lequel on glisse un smartphone sur lequel est retransmis en direct ce que filme la caméra. En évoluant en mode « racing », on peut s’initier au pilotage de compétition, car ce petit quadricoptère, a priori solide, peut filer jusqu’à 30 km/h et virer de bord à toute vitesse. Le Mambo FPV est proposé au tarif de 179 euros (avec la télécommande, la caméra et les Cockpitglasses). Le drone nu est disponible à partir de 109 euros.

Le Bebop 2. / Parrot

Quelques jours après avoir levé le voile sur le Mambo FPV, Parrot a annoncé lundi l’arrivée de nouvelles options de prises de vue aériennes à bord du Bebop 2, un quadricoptère appartenant à la catégorie des modèles haut de gamme lancé il y a presque deux ans. Le nouveau Bebop 2 Power intègre des assistances ou effets automatiques capables d’analyser instantanément les images captées par la caméra et de reconnaître des formes spécifiques (hommes, véhicules). « Cette technologie rend le suivi visuel encore plus précis et la sélection des sujets à cadrer encore plus simple et rapide », assure Parrot. Commercialisé 699 euros, le Bebop 2 Power intègre la fonction follow me et reçoit les Cockpitglasses pour voler en FPV sans dépasser un poids global de 525 grammes. Un « pack » qui relance notablement l’attrait du Bebop 2 et le replace dans la compétition face à la concurrence.

Mambo FPV. / Frederic Simon

Cette salve de nouveautés ne signifie pas pour autant que Parrot est sorti de la mauvaise passe qu’il traverse depuis un an, admet sans fard Henri Seydoux. « Nous nous trouvons toujours dans une phase délicate et nous nous battons pour en sortir », insiste le patron et fondateur de Parrot, qui fabrique depuis dix ans des drones de loisirs. Dans l’univers du high-tech, rien de plus classique qu’une traversée du désert, rappelle-t-il. Le jeu vidéo a, par exemple, connu des hauts et des bas et des entreprises aussi florissantes qu’Apple, voire TomTom, ont elles aussi connu des phases compliquées.

« A long terme, les drones ont gagné la partie et leurs perspectives de croissance sont extraordinaires, mais à moyen terme, ce secteur va devoir affronter des cycles difficiles à prévoir », considère Henri Seydoux. Pour Parrot, l’avenir passe par un retour aux bénéfices (mais pas avant 2018) et la poursuite d’une stratégie qui se concentre, désormais, sur le développement d’activités liées aux applications professionnelles. Ce qui signifie vendre, clé en main, des solutions dans le domaine du bâtiment ou de la sécurité, voire de la défense.