Ottawa et Londres veulent un partenariat renforcé
Ottawa et Londres veulent un partenariat renforcé
Par Anne Pélouas (Montréal, correspondance)
Le premier ministre canadien a rencontré son homologue britannique, qui faisait une escale avant de se rendre à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau (à gauche) aux côtés de son homologue britannique Theresa May, à Ottawa, le 18 septembre. / CHRIS WATTIE / REUTERS
« L’amitié entre le Canada et le Royaume-Uni a résisté à l’épreuve du temps » et les deux pays ont bien l’intention de resserrer leur « partenariat historique », notamment sur le plan économique, avant comme après le Brexit.
« Peu de pays ont autant en commun », a ajouté le premier ministre canadien Justin Trudeau qui rencontrait, lundi 18 septembre, son homologue britannique Theresa May. Celle-ci faisait escale à Ottawa avant de se rendre à New York pour l’Assemblée générale des Nations unies.
L’ambition commune est que le libre-échange entre les deux Etats demeure à un haut niveau de fluidité même après le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, prévu en 2019. Le commerce bilatéral de marchandises atteignait 17,4 milliards d’euros en 2016, faisant de Londres le cinquième partenaire mondial du Canada et le premier dans l’UE.
Ratifier rapidement le CETA
A défaut de pouvoir négocier un accord de libre-échange bilatéral avant Le Brexit, M. Trudeau et Mme May avancent leurs pions. Leurs intentions sont claires : il faut « ratifier rapidement l’Accord économique et commercial global » (CETA) qui entre en vigueur de façon provisoire ce jeudi et préparer « une transition en douceur » sur le plan du commerce bilatéral pour 2019.
Les deux chefs de gouvernement s’accordent sur le fait qu’un futur accord entre leurs pays se construira « sur la base » du traité entre le Canada et l’Union européenne. Cette transition, sur laquelle va travailler dès à présent un groupe de travail conjoint, ira au-delà du commerce pour toucher, via de nouveaux accords post-Brexit, des domaines comme les services aériens et la coopération nucléaire, a précisé M. Trudeau.
L’OTAN, « pierre angulaire »
Lundi, le premier ministre canadien a annoncé plusieurs autres initiatives pour renforcer la coopération avec le Royaume-Uni, dont un partenariat public-privé sur la croissance propre et les changements climatiques misant sur l’innovation.
En matière de défense et de sécurité, Ottawa et Londres lancent un « dialogue stratégique » qui prendra la forme de réunions annuelles des ministres en charge des affaires étrangères, de la défense et du développement international.
M. Trudeau et Mme May ont aussi insisté sur l’importance de l’OTAN, « pierre angulaire » de la sécurité nationale des deux pays. « Nous serons les champions de la modernisation » de cette institution, a fait valoir Mme May en évoquant par ailleurs le travail conjoint avec le Canada en Ukraine.
Réponse à Boris Johnson
En marge de cette rencontre, la première ministre britannique avait répliqué à son ministre des affaires étrangères, Boris Johnson, qui plaidait le 16 septembre dans une tribune au Daily Telegraph en faveur d’une rupture franche avec l’UE en 2019, alors qu’elle-même prône une transition ordonnée et progressive.
L’objectif, a-t-elle indiqué, est d’avoir « un bon accord de sortie avec l’Union européenne » en bâtissant avec elle « un partenariat privilégié et solide », ce qui « n’est pas seulement dans l’intérêt du Royaume-Uni mais aussi dans celui des 27 autres membres ».
Le contentieux Boeing-Bombardier
M. Trudeau et Mme May ont enfin discuté du différend entre le Canadien Bombardier et l’Américain Boeing qui réclame des droits antidumping sur des avions civils CSeries de Bombardier vendus à Delta Air Lines. Les Etats-Unis doivent rendre leur décision à ce sujet le 25 septembre.
Le premier ministre canadien a clairement menacé de ne pas acheter, tel que prévu l’an passé, 18 chasseurs Super Hornet de Boeing pour remplacer sa flotte vieillissante de F18, si la firme persiste à réclamer ces droits : « Nous ne ferons pas affaire, a-t-il déclaré, avec une compagnie qui s’acharne à nous poursuivre et à évincer du marché nos travailleurs de l’aéronautique. »
Mme May a renchéri en promettant de soulever de nouveau la question avec le président américain Donald Trump, cette semaine à New York. Bombardier est l’un des principaux employeurs d’Irlande du Nord, avec près de 8 000 personnes dont plus de la moitié à son usine de Belfast où se fabriquent ailes et éléments de fuselage des avions de la CSeries.