Houleux faux départ au procès de la voiture de police incendiée
Houleux faux départ au procès de la voiture de police incendiée
Par Henri Seckel
Devant l’affluence et la mobilisation de militants « antifa », l’audience a été repoussée à mercredi.
Le procès des antifascistes du quai de Valmy promettait d’être houleux ; il a si bien tenu sa promesse que l’ouverture des débats, prévue mardi 19 septembre, n’a pu avoir lieu. Pouvait-il en être autrement, vu le caractère sensible de cette affaire symbolique, les vives critiques suscitées par l’instruction et la capacité de mobilisation du mouvement « antifa » ?
Quelque 150 partisans tapageurs étaient venus soutenir les neuf prévenus, poursuivis pour des faits de violences et de dégradations aggravées après l’incendie, en mai 2016, d’une voiture de police dans le 10e arrondissement de Paris.
La modeste 14e chambre du Palais de justice n’avait aucune chance d’accueillir tout ce monde, et l’attroupement des recalés à l’entrée s’est mué en manifestation, où les militants s’en sont pris physiquement aux « journaflics », trop nombreux à leur goût, et n’ont cessé de s’époumoner pour réclamer, refrain de l’après-midi, « une grande salle ! » : « Nous aussi on veut voir le spectacle ! » « Il faut un plus grand théâtre ! » « On veut le Zénith ! » « On veut la Sainte-Chapelle ! »
« La défense est maltraitée ! »
Dans la salle d’audience, où une soixantaine de personnes avaient pu se masser, l’atmosphère est restée plus silencieuse, mais pas moins chaotique. Les avocats auraient dû être douze, ils étaient vingt-cinq : ceux de la défense avaient opportunément invité collaborateurs et stagiaires, et se sont donc retrouvés à l’étroit sur des bancs pas prévus pour tant de robes noires. Les chaises d’appoint n’y changeaient rien, impossible d’ouvrir un dossier ou de prendre des notes. « La défense est maltraitée ! », pouvait alors s’indigner Me Henri Leclerc, au nom de ses confrères venus plaider la cause des prévenus.
Dehors, la clameur de la foule s’amplifiait, le bâtonnier suggérait un improbable « roulement » toutes les heures pour permettre au plus grand nombre d’assister à un bout d’audience, tandis que certains journalistes menaçaient de boycotter le procès si les confrères bloqués à l’extérieur ne pouvaient y assister.
Le président du tribunal décidait de mettre fin à ce cirque autour de 15 heures, deux heures après l’ouverture du chapiteau. Audience suspendue. Reprise mercredi 20 septembre à 13 h 30, dans la 16e chambre, qui ne compte que… vingt places de plus que la 14e, mais où les avocats auront tous un siège et une table pour défendre leurs clients correctement jusqu’au vendredi.