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On ne sait pourquoi, La Clémence de Titus, de Mozart reste l’un de ses opéras les moins considérés : d’ordinaire, on lui préfère La Flûte enchantée, écrit au même moment – au cours de 1791, la dernière année de la courte vie du compositeur –, et surtout la trilogie sur les livrets de Da Ponte, constituée des Noces de Figaro (1786), Don Giovanni (1787) et Cosi fan tutte (1790).

Est-ce que ce retour au drame antique semble moins vivant, moins parlant que les comédies sociales et humaines que sont ces trois derniers ouvrages ? Pourtant, et l’on pèse ce que l’on va dire, La Clémence contient peut-être moins de longueurs que Cosi, dont le deuxième acte paraît parfois, quand les metteurs en scène le ratent (ce qui arrive fréquemment), un véritable tunnel.

L’Allemand Claus Guth s’est attaqué à cette trilogie, au Festival de Salzbourg notamment, dont il a donné des traductions parfois insolentes qui ont divisé le public, en faisant par exemple de Don Giovanni un junkie en bout de course.

Voix riche et souple

Sa Clémence, montée cet été par le Festival d’opéra de Glyndebourne, dont le théâtre moderne, intime et bien sonnant, est sis dans la campagne anglaise du Sussex, surprendra le spectateur amateur de toges : pour l’essentiel, les personnages sont en costume moderne dans un marais et ses joncs.

Vitellia (Alice Coote) fume cigarette sur cigarette, et allume la ­première dès le lever du rideau, alors qu’elle vient de se faire ­trousser sans façon. Des sièges de bureau jonchent parfois l’espace et l’on note des images filmées projetées (notamment pendant l’ouverture). Mais, en dépit de ce que pourrait laisser penser cette transposition temporelle, jamais Guth ne plaque d’incongruités sur le propos original.

On notera les très belles interprétations de Richard Croft (Titus) et de la Franco-Anglaise Anna ­Stéphany (Sesto), dont la voix riche et souple est un régal, secondées par l’aérienne direction de Robin Ticciati à la tête des instruments anciens de l’Orchestre de l’âge des Lumières.

La Clémence de Titus, de Wolfgang Amadeus Mozart. Captation réalisée par François Roussillon. Avec Alice Coote, Anna Stéphany, Richard Croft, The Glyndebourne Chorus, Orchestra of the Age of Enlightenment, Robin Ticciati (direction), Claud Guth (mise en scène), (Fr., 2017, 139 min).