Le Japon hors les murs au Centre Pompidou-Metz
Le Japon hors les murs au Centre Pompidou-Metz
L’exposition « Japan-ness » célèbre l’architecture nippone depuis 1945, entre influences occidentales et traditions locales. A voir à Metz jusqu’en janvier.
Frédéric Migayrou, commissaire de l’exposition « Japan-ness », retrace les grandes évolutions de l’architecture du Japon depuis 70 ans en cinq bâtiments.
1952 : Verre et paix
Centre pour la paix, de Kenzo Tange, à Hiroshima. / KENZO TANGE/ISHIMOTO YASUHIRO
« Après la bombe atomique, le Japon cherchait à renouer avec l’humanité. Comme d’autres architectes, Kenzo Tange a rencontré Le Corbusier, qui a toujours placé l’homme au cœur de son œuvre. Pour son Centre pour la paix de Hiroshima, Tange a repris le béton et les pilotis chers au Français, et y a ajouté une façade en verre, allégorie de la cloison de papier des maisons japonaises. »
1961 : Choc des cultures
Centre musical de Gunma, d’Antonin Raymond, Takasaki. / RAYMOND ARCHITECTURAL DESIGN OFFICE
« Le Japon attire depuis longtemps les architectes occidentaux, comme ce fut le cas de Bruno Taut et Charlotte Perriand. Antonin Raymond, lui, était si fasciné par le Japon qu’il s’y est installé, et est devenu l’un des inventeurs de l’architecture moderne japonaise. L’un de ses bâtiments emblématiques est le Centre musical de Takasaki qui, avec son exosquelette et son toit en pente, intègre des éléments de la culture locale. »
1970 : Châteaux dans le ciel
Pavillon Toshiba IHI, de Kishô Kurokawa, Osaka. / KISHÔ KUROKAWA/OSAKA PREFECTURAL EXPO 1970 COMMEMORATIVE PARK OFFICE
« Lors de l’Exposition universelle de 1970, à Suita, dans la banlieue d’Osaka, les marques japonaises étaient en plein essor à l’étranger. Pour se faire remarquer, elles ont confié la construction de leurs pavillons à de grands designers comme Kishô Kurokawa. Dans cette course à la créativité, ces derniers ont anticipé le manque de place dans les villes japonaises en proposant des structures qui s’étendaient dans les airs. »
1989 : Béton spirituel
Église de la Lumière, de Tadao Ando, Osaka. / TADAO ANDO PHOTO/CENTRE POMPIDOU, MNAM-CCI, DIST. RMN- GRAND PALAIS/GEORGES MEGUERDITCHIAN
« Dans les années 1980, les architectes japonais lisaient Barthes et Foucault et sont devenus minimalistes. Avec cette église qui laisse entrer la lumière, Tadao Ando a inventé l’archi-spiritualité. C’est d’une intelligence formidable. Faisant de la technique son langage, il a utilisé du béton banché et laissé apparents les points causés par la structure des moules. »
2011 : Extérieur, jour
House NA, de Sou Fujimoto, Tokyo. / SOUSUKE FUJIMOTO/PHOTO IWAN BAAN
« Depuis 2000, les architectes japonais abolissent la frontière entre le public et le privé, qui est une invention très occidentale. Cet édifice de Sou Fujimoto reprend les principes traditionnels des tatamis et des panneaux coulissants. Les pièces n’ont pas de fonctions attitrées. Les habitants sont nomades et font partie du paysage. Autrefois ouvertes sur la nature, les maisons le sont désormais sur la ville. »
« Japan-ness, architecture et urbanisme au Japon depuis 1945 ». Centre Pompidou-Metz (57), 1, parvis des Droits-de-l’Homme. Jusqu’au 8 janvier 2018. www.centrepompidou-metz.fr