Bananeraie dévastée par l’ouragan Maria, à Capesterre-Belle-Eau, en Guadeloupe, le 22 septembre 2017. / HELENE VALENZUELA / AFP

Des bananeraies comme piétinées, quelques arbres encore debout mais dégarnis : l’ouragan Maria a dévasté à 100 % la filière banane de Guadeloupe et à 70 % celle de Martinique, selon les professionnels du secteur. Avec des rafales soufflant à 260 km/h, Maria n’a fait qu’une bouchée des bananiers, qui portent en moyenne des régimes de 30 à 40 kg.

La production ne devrait reprendre que d’ici neuf à douze mois. « Toutes les exploitations sont anéanties. Il ne reste plus de bananes à exporter. », explique à l’Agence France-Presse (AFP) Francis Lignières, président du groupement des producteurs de bananes de la Guadeloupe, qui compte 220 membres pour 2 000 hectares de bananeraies.

Pas vu depuis trente ans

A Bouillante, David Mirre exploitate douze hectares : « J’ai perdu toute la vente de la fin de l’année, sans compter celle de l’année prochaine. » Il fournissait 450 tonnes à l’export par an, pour un chiffre d’affaire de 350 000 euros annuels. « De mémoire, ça fait pratiquement trente ans » et l’ouragan Hugo de 1989 « qu’on n’avait pas connu ça », renchérit Philippe Aliane, le directeur du groupement de producteurs.

A peine plus épargnée, la Martinique « va perdre 70 % de la production », précise Philippe Ruelle, directeur général de l’union de groupements des producteurs de bananes (UGPban) des deux îles. Au nord et sur la côte Atlantique, plus exposés, « entre 80 et 100 % des exploitations sont à terre ».

Au total, la filière, forte de 600 producteurs, fournit chaque année 250 000 tonnes de bananes pour l’Europe, soit 5 000 à 6 000 tonnes par semaine. « Pour les prochains mois, on va tomber entre 600 et 800 tonnes hebdomadaires », évalue-t-il.

Catastrophe naturelle

L’état de catastrophe naturelle a été décidé par le gouvernement. L’arrêté permettra notamment aux producteurs de continuer à toucher des aides européennes, essentielles pour réinvestir, sans avoir à produire le quota habituellement nécessaire pour bénéficier de ces fonds. De même, les 6 000 salariés de la filière, très inquiets, pourront bénéficier du chômage technique.

D’autant que Maria intervient quasiment un an après la tempête Matthew, qui avait déjà ravagé 40 % des bananeraies de la Martinique, rappelle M. Ruelle : « Certains producteurs, qui ont dû tout réinvestir et attendaient enfin la récolte pour se relancer, se retrouvent une nouvelle fois à terre. »