Elections sénatoriales : les enjeux en 4 questions
Elections sénatoriales : les enjeux en 4 questions
Contrairement à ce qu’il s’est passé à l’Assemblée nationale, le Sénat ne s’attend pas à un bouleversement massif. Le président, Gérard Larcher, devrait être reconduit.
Comment les élections sénatoriales fonctionnent-elles ?
Durée : 02:37
La moitié des sièges de sénateurs sont remis en jeu, dimanche 24 septembre, lors de la première élection depuis l’accession d’Emmanuel Macron au pouvoir et le succès de son parti La République en marche aux élections législatives.
Contrairement à ce qu’il s’est passé à l’Assemblée nationale, le Sénat ne s’attend pas à un bouleversement massif. La droite a de fortes chances de rester majoritaire et Gérard Larcher (Les Républicains) de conserver son poste à la présidence de l’institution. Malgré tout, le Palais du Luxembourg devrait subir les répliques de la recomposition politique en cours, avec l’installation de nouveaux groupes politiques en son sein.
Une majorité à droite, oui mais quelle majorité ?
Si la droite, qui détenait jusque-là la majorité au Sénat, part largement favorite de ce scrutin, c’est que les résultats des sénatoriales dépendent de ceux des dernières élections locales. C’est l’effet du scrutin indirect, puisque ce sont les grands électeurs (maires, conseillers municipaux, départementaux, régionaux, députés et sénateurs) uniquement qui désignent ceux qui peuvent s’installer au Palais du Luxembourg. Le scrutin de dimanche découle donc des résultats des scrutins de 2014 et 2015, massivement remportés par la droite. De même, en 2011, la gauche l’avait emporté au Sénat après des séries d’élections qui lui avaient été favorables.
Néanmoins, tous les acteurs s’accordent pour dire que le groupe Les Républicains tout seul ne sera pas majoritaire au Sénat. Gérard Larcher, actuel président de l’institution, a jugé dans Le Parisien que la majorité sénatoriale qui allie la droite et les centristes serait « confortée ». Les Républicains comptent donc toujours sur leurs alliés du centre (UDI et radicaux) et c’est tous ensemble qu’ils devraient reconduire le sénateur des Yvelines à la tête de l’institution.
Combien de sièges pour En marche ?
La République en marche compte depuis le 27 juin, un groupe au Sénat, composé de 29 sénateurs et présidé par François Patriat. Si ce dernier s’était montré très ambitieux quant à l’élargissement de son groupe après l’élection d’Emmanuel Macron, il a été invité à modérer son discours au fil de l’été.
Outre la nature du corps électoral qui est plutôt défavorable à LRM, absente du paysage politique lors des précédentes élections locales, les premiers mois du quinquennat ont été mal perçus par les élus locaux. Emmanuel Macron a en effet multiplié les annonces ou mesure mettant les collectivités dans l’embarras. Elles ont notamment été touchées de plein fouet par la fin des contrats aidés, particulièrement atteinte par la précipitation de la mesure. De même, elles redoutent de nouvelles pertes de leurs moyens. Même si le gouvernement a petit à petit multiplié les gestes pour les rassurer, cela ne devrait pas suffire pour renverser la tendance.
Emmanuel Macron ne sera cependant pas sans alliés au Sénat, en dehors de son groupe. Un groupe « constructif » a ainsi vu le jour, composé de sénateurs issus du parti Les Républicains.
Les centristes siégeront, eux, dans un groupe à part, tandis que certains socialistes pourraient être ouverts sur certains sujets. Tous ces amis potentiels sont autant d’atouts en vue de la préparation de la réforme constitutionnelle prévue l’été prochain, qui nécessitera une majorité des 3/5e du Parlement. Pour l’atteindre, Emmanuel Macron n’aura d’autre choix que de recruter en dehors de ses rangs et donc de négocier avec les différents groupes. Un échec à réunir une telle majorité le contraindrait à avoir recours à un référendum, ce qui est souvent risqué pour le chef de l’Etat en place.
Quelles sont les candidatures à suivre ?
Deux ministres du gouvernement d’Edouard Philippe sont candidats. Jacqueline Gourault, ministre auprès de Gérard Collomb au ministère de l’intérieur, se représente dans son siège du Loir-et-Cher sous les couleurs du MoDem. Solide dans son fief, sa réélection ne devrait a priori pas poser de problème. Plus surprenant, le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin, issu du parti Les Républicains, est candidat, sous l’étiquette La République en marche, dans le Nord. Placé en fin de liste, il ne devrait pas être élu. Quatre anciens ministres et secrétaires d’Etat des gouvernements Hollande sont également candidats : Laurence Rossignol (Oise), André Vallini (Isère), Jean-Marc Todeschini (Moselle) et Patrick Kanner (Nord).
Parmi les personnalités qui se présentent, on notera également la candidature du patron des communistes, Pierre Laurent, qui se représente à Paris. Sa famille politique joue gros, elle est menacée de ne pas avoir suffisamment d’élus pour faire un groupe au Sénat (il faut un minimum de dix sénateurs).
Par ailleurs, plusieurs anciens députés, qui ont été, ou non, candidat à leur réélection, tentent cette fois leur chance au Palais-Bourbon. C’est notamment le cas du LR Jacques Myard, qui se présente sur une liste dissidente à celle de Gérard Larcher dans les Yvelines, ou du PS Laurent Baumel, candidat en Indre-et-Loire. Selon un décompte du Monde, ce sont près de 14 % des 1 971 candidats aux élections sénatoriales qui ont déjà tenté leur chance aux dernières législatives.
Y-aura-t-il du renouvellement au Sénat ?
Au total, sur les 171 sénateurs dont le siège est remis en jeu, 57 % ont décidé de se représenter, ouvrant la voie à un renouvellement important des visages (43 % contre 37 % lors du précédent scrutin en 2014). Féminisation et rajeunissements avaient été certains des faits majeurs des élections législatives en juin, on saura dimanche si le Sénat suit la même tendance. Au regard des statistiques des candidatures, c’est mal parti. Au total, 45 % de femmes sont candidates, mais seules 105 sont têtes de liste ou titulaires (25 %). Les candidats ont en moyenne 54 ans et un mois, soit 5 ans de plus que la moyenne d’âge des candidats aux législatives.
Par ailleurs, il n’y aura pas d’entrée massive de la société civile au Sénat comme à l’Assemblée. La raison tient principalement au mode de scrutin, qui fait que l’élection repose essentiellement sur un réseau d’élus locaux, mais également sur la nature de la mission du Sénat comme institution porte-voix des collectivités territoriales. Leur bonne connaissance apparaît comme un prérequis auquel les grands électeurs sont très attentifs.