Emmanuel Macron et Alstom, une longue histoire
Emmanuel Macron et Alstom, une longue histoire
Par Cédric Pietralunga
Fin 2014, M. Macron, ministre de l’économie, avait autorisé la vente de l’activité énergie du groupe français à l’américain General Electric. Cette cession lui avait été reprochée.
Emmanuel Macron connaît bien Alstom. Alors ministre de l’économie, c’est lui qui avait autorisé, en novembre 2014, la vente des activités énergie du groupe français à l’américain General Electric (GE), dossier qu’il avait également suivi à l’Elysée lorsqu’il conseillait François Hollande.
Depuis cette cession, l’ancien banquier d’affaires est régulièrement accusé d’avoir bradé le champion tricolore et de ne pas s’être battu pour trouver une solution alternative. « Il a présidé à la destruction de fleurons de notre industrie française », l’avait accusé le député (LR) Pierre Lellouche lors de la campagne.
La réalité est plus complexe. S’il n’a pas mis son veto à l’opération GE-Alstom, comme le lui permettait le décret sur les investissements étrangers en France, Emmanuel Macron n’y a pas été associé non plus.
Comme Arnaud Montebourg, alors ministre de l’économie, il avait découvert l’opération par une fuite dans la presse, en avril 2014, et s’était penché sur les solutions alternatives envisagées par le bouillant Bourguignon, qui avait tenté de monter un « deal » concurrent avec l’allemand Siemens (déjà), puis le japonais Mitsubishi.
« Une forfaiture »
En privé, le futur chef de l’Etat avait également eu des mots très durs contre Patrick Kron, le PDG d’Alstom, qui avait conduit l’opération dans le dos des pouvoirs publics, pourtant son premier client à travers EDF ou la SNCF. « C’est une forfaiture », s’écriait-il à l’évocation de la prime – 4,5 millions d’euros – obtenue par M. Kron à l’issue de l’opération.
Pour autant, Emmanuel Macron a toujours estimé que « le statu quo n’était pas une solution viable » et qu’Alstom n’avait pas les moyens de résister seul face à ses concurrents américain ou chinois.
Certes, l’Etat pouvait aider l’entreprise, en poussant, par exemple, la SNCF à accélérer certaines de ses commandes, comme il l’a fait à l’automne 2016 pour sauver le site de Belfort menacé. Mais « l’idée qu’on puisse régler ces situations uniquement par la commande publique, c’est une fausse piste sur le moyen et long terme », avait indiqué M. Macron lors de la campagne.