Laura Flessel, lors d’une cérémonie au palais de l’Elysée après l’attribution des JO 2024 à Paris. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

Les propos de la ministre des sports, Laura Flessel, sur la participation des sportifs français aux Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang (Corée du Sud) n’en finissent pas de susciter des réactions dans le pays hôte. « Certains pays ont exprimé des inquiétudes sur les conditions de sécurité dans la péninsule, a une nouvelle fois regretté mercredi 27 septembre le ministre sud-coréen de la culture et des sports Do Jong-hwan. Le niveau de sécurité de la Corée du Sud est maintenu et les Jeux olympiques resteront porteurs d’un message de réconciliation et de paix. »

« Si ça s’envenime et qu’on n’arrive pas à avoir une sécurité affirmée, notre équipe de France resterait ici », avait déclaré le 21 septembre Mme Flessel à la radio RTL, devenant ainsi la première responsable politique à évoquer cette possibilité. Depuis, Séoul redoute un effet domino. Car si la ministre française a rapidement tempéré ses propos, rejetant toute idée de « boycott » des compétitions de Pyeongchang, le comité olympique autrichien a expliqué qu’aucune délégation ne serait envoyée en Corée du Sud en cas de dégradation de la sécurité. L’Allemagne a de son côté prévu d’étudier « en temps utile » la question de l’envoi d’une équipe à Pyeongchang.

D’autres nations, comme les Pays-Bas ou la Suède, sont sur une ligne différente, de même que le Comité international olympique (CIO). « La confiance demeure », a ainsi souligné Thomas Bach, le président du CIO, lors de la dernière session de l’organisme, organisée du 13 au 16 septembre à Lima (Pérou). Soucieux de se placer sur la même ligne que le CIO, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) est sorti de sa réserve pour désavouer la ministre dans un communiqué : « Ayant toujours placé la sérénité et la sécurité des athlètes au cœur de ses préoccupations, le CIO indique que rien, à ce jour, ne conduit à imaginer que les conditions d’organisation des Jeux olympiques d’hiver ne satisfassent pas ces impératifs. »

Le précédent des Jeux de Séoul

Mais le simple fait d’avoir abordé la question a incité Séoul à tout faire pour rassurer. Le 26 septembre, pour les 100 jours de son entrée en fonctions, M. Do avait souligné la détermination du gouvernement à tout faire pour « apaiser les craintes sur la sécurité », alors que le contexte reste envenimé par l’exacerbation des tensions entre la Corée du Nord et les Etats-Unis. Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, et le président américain, Donald Trump, enchaînent les déclarations belliqueuses. Pyongyang a procédé à plusieurs essais de missiles balistiques entre juillet et septembre, et a mené son sixième essai nucléaire le 3 septembre. En août, d’importantes manœuvres militaires américano-sud-coréennes étaient organisées dans le sud de la péninsule. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté des résolutions et imposé de nouvelles sanctions économiques à la République populaire et démocratique de Corée (RPDC, nom officiel de la Corée du Nord).

En Corée du Sud, on rappelle qu’en novembre 1987, avant les Jeux olympiques d’été de 1988 à Séoul, deux agents nord-coréens avaient fait exploser un avion de la compagnie Korean Air, faisant 115 morts. L’un des agents, Kim Hyon-hui, avait par la suite avoué que cette attaque avait pour but de perturber l’organisation des JO.

Avec ou sans Nord-Coréens ?

Les débats sur la sécurité s’accompagnent de la question de la participation de la Corée du Nord aux Jeux de Pyeongchang, souhaitée par Séoul et le CIO. En visite aux Etats-Unis pour promouvoir les JO, le vice-ministre sud-coréen des sports, Roh Tae-kang, a rappelé que les échanges intercoréens avaient toujours pâti des « provocations », mais que, souvent, « le Nord participe après une décision prise à la dernière minute ».

A condition que les athlètes se qualifient. Aucun sportif nord-coréen ne l’avait fait pour les JO de Sotchi (Russie) de 2014. Cette fois, un espoir est placé dans le couple de patinage artistique formé par Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik, qui tentait, vendredi 29 septembre, de décrocher sa qualification olympique lors du trophée Nebelhorn, à Oberstdorf (sud de l’Allemagne).

Si aucun athlète nord-coréen ne se qualifiait, le CIO pourrait en inviter ou simplement convier des officiels, l’objectif étant d’avoir une délégation du Nord aux compétitions organisées à 80 km de la zone démilitarisée qui sépare les deux Corée.